Testament
Lorsque mes yeux cesseront de guetter
La première hirondelle
Qu’ils seront impuissants à reconnaître
Le printemps fidèle
Lorsque mes mains ne pourront plus toucher le vent
Et que je perdrai de vue le fleuve
Laissez-moi quitter mes eaux
Avant qu’il ne pleuve
Sur mon lit de roseaux
Si je deviens trop frêle
Pour mordre dans votre chair
Trop pâle pour rougir
Encore de vos mots d’amour
Relisez-moi vos serments des anciens jours
Et lorsque je serai éteinte
Remettez-moi dans mes plumes
Que je puisse pleurer les ombres
Quand je serai enfin morte
Laissez-moi enterrée en moi-même
Nourrissez mes oiseaux tendrement
Et jugez-moi mêmement