Dominique Tremblay: La danse des peuples
Le compositeur-violoniste est de ceux que l’histoire retiendra.
Il était le précurseur modeste, l’homme sage au centre de l’underground montréalais de la période charnière de la fin des années 1960.
Le disque Ça roule qu’il avait fait avec le violoneux Philippe Gagnon avait établi un pont entre le Lindberg de Charlebois-Forestier et le renouveau de la musique traditionnelle québécoise. Plus tard, il a introduit les cuivres dans sa québécitude musicale, une décennie avant la Bottine. Il s’est éteint le 18 juin dernier à l’âge de 72 ans. Son œuvre traversera l’histoire.
«La musique de Tremblay puise à la fois dans la mémoire de fond traditionnel et dans la connaissance des musiques de notre époque, pour aboutir, dans sa propre inspiration, en des créations originales. Peut-être notre première musique métisse», avait dit Gaston Miron.
Après l’annonce de son décès, Michel Faubert en a rajouté: «Je trouve que Dominique Tremblay est une figure de légende, quelqu’un qui a été un carrefour improbable de choses que peu de gens ont rencontrées. Un album comme Ça roule était un polaroid extraordinaire. Il y avait des suites de reels avec Philippe Gagnon et le son inimitable de Dominique avec son alto en acier inoxydable, mais avec une pièce comme Ça roule…, on est presque dans une mouvance de musique contemporaine. Il n’est pas passé par le folk, mais par la musique classique et il s’est allié avec des musiciens de toutes sortes d’horizons.»
Il avait mis en musique les Gaston Miron, Michèle Lalonde, Raoul Duguay, Michel Garneau, Gilbert Langevin, Yves-Gabriel Brunet et Paul Chamberland. D’autres de ses œuvres ont fait danser la Compagnie Eddy Toussaint et les Grands ballets canadiens. Il croyait que «l’avenir est aux sources», mais les siennes étaient vastes et amples. Merci Dominique Tremblay!
Ses proches et amis lui rendront un dernier hommage, ce samedi à 13 h au Théâtre du Marais à Val-Morin et une cérémonie de la parole aura lieu à 14 heures.
Yves Bernard Le Devoir