Plus beaucoup

Publié le par la freniere

Je n'écris plus beaucoup. Depuis quelques temps, je n'écris plus beaucoup. Pour diverses raisons et peut-être sans raisons. Cela n'empêche pas les fleurs de fleurir, les herbes d'herboriser, la vie de vivre. Je n'écris plus beaucoup le vent, la pluie, le soleil, les arbres, ni toutes les choses d'être ; je les suis, je les deviens. Je n'écris plus beaucoup les colères, les indignations, les humiliations, les révoltes, tous les gros mots humains ; je les défais comme un mauvais tricot. Je n'écris plus la fatigue, les peurs, les doutes, je cultive des graines de confiances et quand je n'arrive plus à jardiner, je m'assois sur une grosse pierre et je l'écoute. Ainsi de suite et tout à l'avenant. On me dirait des ailes, pas grandes car c'est gênant pour marcher. De toutes petites ailes pratiques et rigolotes pour suivre les nuages, les quartiers de lune, les discours d'oiseaux, les balades de chats et tout ce qui rend heureux ou attentif. Avec elles, je survole les phrases, les accords, ne participe ni du passé ni du futur, pas plus que des conjugaisons plus que parfaites ou autres gargarismes inutiles. Je vais présente dans l'instant, je laisse les mots circuler à leur guise. Et s'ils conduisent au papier, au crayon, je ne résiste pas, c'est une joie de plus à partager.

 

Ile Eniger 

 

Publié dans Ile Eniger

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