Le pohème de l'évier

Publié le par la freniere

un jour l'évier se prit d'amour

d'amour pour une petite étoile bleue dans un coin de la fenêtre

à la cuisine

il se confessa à la toile cirée et au pot de moutarde

il pleura sur les couverts déjà mouillés

un autre jour l,évier se déclara :

petite étoile, ne brille pas sur la minoterie

descends, car elle n'a pas besoin de toi

elle a dans ses caves une centrale électrique et des ampoules

l'éclairent

tu gaspilles tes dorures en les posant sur les toits

et les paratonnerres.

petite étoile, mon nickel te désire, mon robinet a gargouillé

des chansons pour toi, en faisant de son mieux

tu plais déjà

aux assiettes qui sentent encore le poisson en conserve

viens, et tu brilleras toute la nuit sur un royaume de linoléum

princesse des cafards.

 

mais, hélas! l'étoile bleue ne répondit pas à cet appel

car elle était amoureuse du presse-purée

d'une comptable de poméranie

et passait ses nuits à le boire des yeux.

Aussi sur le tard l'évier se posa-t-il des questions sur le sens de

l'existence et sur son objectivité

et sur le plus tard encore il fit des propositions à la toile cirée.

 

… il y a longtemps je me suis impliquée aussi dans le jeu de

de l'amour

moi, la déchirure du rideau, qui vous ai raconté cette histoire.

j'étais amoureuse d'un superbe berliet beige que ne n'ai vu

qu'une fois...

mais n'en parlons pas, j'ai maintenant des enfants à la maternelle

et tout le passé me paraît être un rêve.

 

Mircea Cartarescu

traduit du roumain parAlain Paruit

 

Publié dans Poésie du monde

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