Maurice Nadeau
Le légendaire éditeur, essayiste et critique est mort à 102 ans. Pour les 40 ans de «la Quinzaine littéraire»,qu'il avait fondée et dirigeait toujours, il nous avait dit ses passions... et ses coups de gueule
Il prévient: «On ne parle pas de mon âge, hein!» Nous n'étions pas venus pour cela. Mais pour l'entendre parler de «la Quinzaine littéraire», publication qu'il dirige depuis quarante ans. Des chroniques qu'il y signe sous le titre «Journal en public» et dont les meilleures ont été rassemblées dans un livre qui vient de paraître (1). Pour l'entendre parler aussi de son insatiable passion pour la littérature, pour les idées, pour son époque.
Critique, essayiste, éditeur, Maurice Nadeau est un formidable passeur. Les faiseurs de bouquins ne l'ont jamais intéressé. La littérature qu'il défend, c'est celle qui révèle un style, un regard, une conviction. Nadeau n'aime pas les tricheurs. On ne s'étonnera donc pas de l'entendre défendre avec la même pertinence, mêlant l'anecdote au trait incisif, des auteurs aussi différents que La Bruyère, Flaubert, Beckett ou Vila-Matas. Au-delà des époques, au-delà des modes, Nadeau nous livre ses bonheurs. Si grands, si forts qu'ils deviennent aussitôt les nôtres.
Bernard Genies
1. Journal en public par Maurice Nadeau