Les derniers mots d'amour
J’ai les yeux pleins d’abeilles
à regarder les fleurs.
La ruche est minée
comme les déserts du monde.
Comment nommer les arbres
ou boire l’eau du ciel
quand les grains de l’espoir
se déplantent à mesure ?
Derrière le décor
des ombres nous font signe
et s’apprêtent à sauter.
On n’arrose plus d’amour
le cœur en pot
et les baisers s’étiolent
sous la poussière des choses.
Les yeux des poupées pleurent
sans savoir pourquoi.
Une maison de rires
laisse battre sa porte
comme une pluie glacée.
Il y a des crocs sous la caresse,
des gestes dont les poings
se terminent en fusil,
des enfants morts de peur,
de la poussière d’amiante
sur les cils des faons.
Dans l’abondance des choses
c’est la rareté qui manque.
Le trop plein n’est qu’un vide
où s’évapore l’âme.
À la lueur des balles
dans l’horizon qui meurt
j’écris en lettres verticales
les derniers mots d’amour.
Jean-Marc La Frenière