Gris les jours
Gris les murs,
les miroirs sans tain,
vides les mains,
noir le temps,
blanches les tempes.
Je suis un bleu
dans les vigiles de l’aube,
un ange qu’on égorge
sur le parvis des banques,
un peu de sève
dans une pluie de pierres,
une prière athée
dans la nef des fous,
une valise vide
à la consigne du cœur.
Riches les banquiers,
pauvres les saints,
les poètes, les fous,
rouges les mains
des juges et des bourreaux.
Je suis un enfant de chienne
aux yeux des mécréants,
un homme perdu
dans ses propres souliers,
un bout de pain
que l’on jette aux oiseaux,
un peu d’azur
au milieu des orages,
un bourgeon qui persiste
dans les arbres en dormance.
Noirs les jours,
brisés les reins,
courbée l’échine,
vides les verres
de l’espoir,
la boussole égarée.
Jean-Marc La Frenière