Son coeur est encore là
Ma mère est là
Fragile poussin
toujours à la recherche d'un père.
Elle a peur
Elle le crie : "J'ai peur, j'ai peur".
Où doit-elle aller toute seule
Sans une main qui la guide
Sur ce territoire inconnu
Où l'être doit rejoindre son silence
Où l'on doit abandonner ce qu'il reste d'attachement en nous ?
Ma fille, mes fils, ne coupez pas ce fil
"J'ai peur, j'ai peur".
Sa tête, sa pauvre tête
Où la mémoire des faits s'est éteinte
Elle la montre, la supplie de revenir
Comme un train de bagages, de mots et d'images.
Ses mains se tendent à la recherche d'une poignée de doigts
Où s'agrippent les dernières tendresses
Son cœur qui nous cherche est encore là
Elle a peur notre mère
Et nous, nous habitons la solitude des résignés.
Jean-Michel Sananès
La Colline le 19/10/2016