La mémoire du siècle
Je mourrai
de la même blessure au flanc
que le siècle qui m'a vu naître
des lignes de front
me serviront de notes
et les ossements sous la terre
d'échelons vers la douleur
partout dans le monde
des mères attendent
la cartographie de leurs deuils
et que se complètent
les atlas des écoliers
je ne me souviens
ni de vos vingt ans
ni de vos terreurs
ni de vos blessures
ni de vos abattements
comment le pourrais-je
alors que du ventre à la gorge
cette tranchée vive encore
me traverse
et que les réseaux barbelés
gémissent au vent infatigable
je ne me souviens pas
je vis avec vous
dans le gourbi boueux
de la mémoire du siècle
Christian Erwin Andersen
à suivre sur La Voix des autres