Il suffirait
C'est la nuit. Les bruits ont fini par s'éteindre. Un froid d'étoiles tombe en grésil sur les épaules du soir. L'écharpe du ciel s'effiloche, les arbres frissonnent. Quelque cri d'animal, craquement, claquement, électrisent le silence. Une respiration saine remet en place l'âme et le corps. S'effacent les rumeurs sordides, virtualités maladives, piteux mensonges, autres agrégats mortels. Ici s'arrête la folie humaine, sa terrible bêtise, son immense saleté, son incommensurable mauvaiseté. Ici, commence l'être, sa puissance cardiaque, son intelligence primale. Dans les racines, les nervures, les terriers, les lits, les sèves rincent les pesticides, lavent les souillures, renouvellent les germes. Les éléments nettoient la bave sociétale. Il suffirait que chaque battement glisse en ce mouvement, choisisse la lumière, pour que les plaies guérissent, que vienne un homme et un jour neufs, que vive la vie.