La grève des cheminots

Publié le par la freniere

Monsieur le Président je vous écoute, ah, que j'aimerais vous croire et faire ripaille à vos côtés ! ...

Pour vous plaire, peut-être devrais-je claironner avec ceux qui ne souffriront pas de la grève parce qu'ils ont chauffeur, voitures et parkings, de même qu'avec la canaille bourgeoise et ses grands patrons qui se salarient souvent 10,100, et parfois 1000 fois plus que leurs salariés ?

Peut-être devrais-je parader avec les malfrats en col blanc qui touchent des subventions à l'emploi alors même qu'ils licencient, surfent d'optimisations en dérogations et dansent en paradis fiscaux, où avec ceux qui vont s'octroyer les bénéfices de privatisations déguisées…

Et pourquoi ne pas faire la fête aussi dans un monde où les bénéfices vont aux actionnaires, alors que l’on demande des sacrifices aux salariés que l'on précarise ? Oui, je sais, vous me direz que ce sont les prochains recrutés de la SNCF qui seront précarisés, alors de quoi se plaignent donc les grévistes ?

Peut-être devrais-je aussi aduler ces pisse-vinaigre de la députation et autres élus qui touchent 17 fois le SMIC mais trouvent que nos cheminots coûtent trop cher ?

Peut-être même devrais-je rire et chanter avec ces sénateurs trouvant que des cheminots voyageant gratuitement pilleraient la nation, alors qu’eux-mêmes voyagent gratuitement en 1ère classes, ont des avantages démesurés et qu’ils bénéficient des frais d'obsèques pour leurs proches, des fois que leurs maigres salaires seraient insuffisants… ?

Peut-être en plus devrais-je applaudir les parlementaires saigneurs du peuple qui reprochent aux pauvres de ne pas l'être assez mais qui eux, à leur retraite, s'octroient 13 Smic en dotation informatique ? Et puis, peut-être devrais-je festoyer avec ces présidents qui s'offusquent que l'ouvrier soit trop payé mais qui accordent des parachutes dorés aux voyous ?

Allons Messieurs de la Haute, vous qui pensez que vouloir un peu d'équité est un fait de jalousie, je vous laisse à vos ronds de jambes et sourires téléactualisés, je préfère les hommes de peu, ceux qui se nourrissent des riens que leur laissent les moins que rien de votre haute finance et les planqués des paradis fiscaux.

Oui, finalement, Monsieur le Président, je préfère rester parmi ceux aux fins du mois difficiles, aux impayés, aux désespoirs insomniaques. Parmi ceux qui tapent à vos portes et que vous ignorez. Laissez-moi pleurer avec eux, loin de vos minables suffisances en parade ! Laissez-moi vivre avec cette France d'en bas que vous écrasez et méprisez, loin des start-up, de vos bottom-up, top-down, et autres up & down, loin des programmes de l'intelligence superficielle qui ignore les hommes, l'équité et le cœur.


Jean-Michel Sananès

 

Publié dans Jean-Michel Sananès

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