Le silence létale des poètes

Publié le par la freniere

Christian Erwin Andersen

Christian Erwin Andersen

Les poètes isolés et désintéressés, réfractaires aux honneurs officiels, lorsqu'ils ont fait leur temps, c'est à dire qu'ils sont épuisés par la maladie, leurs excès mais surtout par leur quête incessante d'expérience et de voyances, sont jetés sans états d'âme en pâture aux médecins assermentés qui les bourrent de médicaments, de produits chimiques quand ils ne sont pas charcutés au bistouri ou objets d'expérimentations pour “essayer” de nouveaux traitements. Ils sont placés de force dans des maisons de soins et c'est avec des anesthésiants, des anti-anxiolytiques que l'institution vient enfin à bout de leur révolte ultime, de leur colère conséquente, de leur conscience dissidente.

Christian Erwin Andersen n'est pas content? Doublez la dose de somnifère. Tristan Cabral veut rentrer chez lui? Expliquez-lui que c'est impossible, qu'il n'a plus de maison et qu'il est sous curatelle et qu'aucune décision ne saurait être prise sans le consentement de sa tutrice légalement désignée. faites-lui avaler une dose de barbituriques pour qu'il renonce une fois pour toutes à s'évader. Ici on n'est pas là pour s'amuser. 

Dans notre pays hautement civilisé la prise en charge des exclus, des parias et des plus démunis a été scientifiquement encadrée, avec des normes obligatoires aux conséquences effroyablement inhumaines. Sur la planète entière, les gens de ma génération auront été les témoins plus ou moins consentants du triomphe hypocrite de l'hygiène mentale aseptisant et détruisant l'espace vital de nombreuses espèces vivantes en voie de disparition... jusqu'à leur complète éradication parfois. Des réserves naturelles subsistent ça et là, reliquats d'un monde confisqué.

à suivre sur  poésiedanger

André Chenet

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