Avec deux ou trois mots

Publié le par la freniere

Avec deux trois mots,

la chair des images

dévorée par la soif

je résiste à la mort,

au masque du silence,

aux yeux de verres fumés.

 

Avec une langue de feu

passant de bouche en bouche

je résiste à la neige,

au froid des certitudes,

aux engelures du temps.

 

Avec dix ou vingt mots,

une poignée de virgules,

avec un chien d'aveugle

et des chaussures trouées

je résite à la haine,

au calcul des banquiers,

au creux dans le chemin,

à l'immobilité,

avec des mots de rien,

avec des miettes de pain

je résiste à la faim.

 

Je découpe un oiseau dans le papier du ciel.

Il vole dans ma tête ouverte aux quatre vents.

 

Avec un peu d'humour,

une poignée d'amour,

avec les lèvres nues

j'embrasse sur la bouche

le bonheur qui passe

et fait rêver les hommes.

 

Avec le bruit des ombres

découpant la lumière,

avec des pages blanches,

le maigre feu des lampes

je résiste à la nuit.

 

Avec des billes bleues

dans un panier d'enfant,

des paroles brisées

à coups de crosses froides

avec le poing du jour

enfoncé dans le coeur,

la neige qui avance

à pas de souris blanche

je résiste à la peur,

à la colère, aux cendres.

 

Je me tiens droit debout dans la courbe des vents.

J'avance à pas de larmes sans honte ni remords.

 

Je donne ma langue aux loups,

mon vertige aux fontaines

et le feu de mes mains

aux rides qui s'éteignent.

Je résiste à la haine.

Je résiste à la neige.

Je résiste à la faim.

Je résiste à la nuit.

Je résiste à la peur,

à la colère, aux cendres.

Je résiste à la mort.

 

Paroles : Jean-Marc La Frenière

musique : Loulou de Villères

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