Poème d'hiver
La terre a perdu ses eaux
en rigoles de feuilles.
Le vent accouche de l’hiver.
Les pneus ne crissent plus
sur la beauté sonore du silence.
C’est à peine si les pas
creusent un trou dans la neige
sans rejoindre le sol.
Les routes ont remplacé
leur chemise de poussière
par un habit de skidoo.
La grande peau des champs
prend une blancheur humaine.
Tous les fantômes du Nord
viennent frapper à la porte
en réclamant du feu.
Le miel bourdonne sur le pain
en souvenir des abeilles.
Les fraises dorment en pots
sur l’étagère du haut.
Un dernier verre d’été
s’étoile dans l’évier
en tessons d’espérance.
Le cœur se racotille
dans son placard de peau
et ne laisse plus passer
que la chaleur du poêle ?
Quitte à passer pour fou
je porterai tes gants,
ta tuque et ton foulard
pour me sentir moins seul
en traversant l’hiver.
Jean-Marc La Frenière