Oct. Nov. décembre 2009
Un
automne de plus, un numéro de plus, un édito de plus. Et voilà la panne !
D’inspiration comme on dit, inspirez, expirez, inspirez, expirez… On meurt donc
entre chaque inspiration ? Ce n’est pas la petite mort, celle-là est déjà prise,
mais alors quel genre de mort ? Peut-être bien celle qui s’annonce en automne,
la mort cyclique, celle qui permet la renaissance. Tout est affaire de cycle, et
c’est donc à nous de pédaler. Inspirez, expirez, inspirez, expirez. Certes, vous
me direz que je n’ai rien à dire et je vous répondrai « et pourquoi pas ? ».
Parfois on n’a rien à dire, et c’est là que vient le meilleur, l’inattendu, la
phrase clé, l’illumination comme on dit. Et qu’est-ce que l’automne sinon une
sorte d’illumination avant l’extinction des feux ? Une dernière danse, et le vin
est prêt. Le vin de table et le vin de l’âme. A boire en bonne compagnie
ou avec la solitude, quand on a appris à l’aimer. Tout est affaire d’équilibre,
le vin, la compagnie, la solitude. Cycle, équilibre et nous voilà au cirque,
grand cirque de la vie.
Nous revoilà dans le cercle. Inspirez,
expirez, inspirez, expirez, inspirez….
Rompre le cercle comme on rompt le
pain, tenter l’apnée, explorer les états intermédiaires, l’intervalle… Tout est
possible. La paix, l’os et la cible.
Écrire un édito quand on n’a rien
à dire.
CG
Ne me demandez plus mon
programme ;
respirer, n'en est-ce pas un ?
Emil Michel
Cioran
in Syllogismes de
l'amertume
http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com/
AU
SOMMAIRE
Délit de
vagabondage : Ernest Pépin (Guadeloupe) nous embarque dans
L’Odyssée de la ville
Délit de poésie :
Isabelle Grosse (Deux-Sèvres) ; Cathy Garcia (Lot)
Délit
nombriliste : Marc Bureau (Tarn) s’interroge sur L’ombilic du
lombric
Délit d’(in)citations d’automne,
comme feuilles qui volent, fera t-il bon humus ? N’oubliez pas le
bulletin de complicité au fond en
sortant.
Illustrateur invité
:
Jean-Louis Millet (Val de Marne)
jlmillet@free.fr
« a atterri à Paris, dans le Marais
d'avant les bobos, en 1946. Scientifique de formation, curieux compulsif, il
enchaîne et tresse ses passions. Très influencé par les pensées orientales, il
est récemment entré en peinture et en écriture. Il anime deux sites
http://www.zen-evasion.com site personnel et http://www.evazine.com site
collectif » L’illustration ci-dessus et celles qui accompagnent les textes
d’Ernest Pépin sont de véritables pétroglyphes arawak gravés sur des pierres en
Guadeloupe, que Jean-Louis Millet a recopiés lors d’un séjour sur
place.
Nous n'avons rien à
déclarer sinon la faim
la faim n'a pas de
passeport
Nous n'avons rien à déclarer sinon
la vie
la vie n'est pas une
marchandise
Nous n'avons rien à déclarer sinon
l'humanité
L'humanité n'est pas une
nationalité
Ernest Pépin
in A tous les
reconduits
Contact
: revuenouveauxdelits@orange.fr
Le choix des textes, entièrement sous la
responsabilité de l’éditeur, est complètement subjectif. Toutefois, les auteurs
restent seuls responsables de leurs écrits. Tous droits d’auteurs réservés. Sauf
autorisation, la reproduction sexuelle des œuvres autre que privée est
interdite. Le bulletin de complicité et les textes de l’éditrice sont
photocopillables à volonté. Merci de citer simplement le nom et la source.
À tous les
reconduits
(extrait)
La misère ne
passe pas
Passager
clandestin
Elle retourne au
pays
Nos sandales ont usé les
nuits
Nos pieds nus ont écorché les
dunes
La rosée pleurait une terre
inhumaine
Et nos mains mendiaient une autre
main
Les drapeaux ont peur de leurs
promesses
Ils se sont enroulés comme des
scolopendres
Notre soif est retournée au feu
de notre gorge
Et la vie nous a tourné son dos
Tout homme qui s'en va défie
l'entour
Dessouche une
nation
Et lézarde une
étoile
Et dans ses yeux grésillent une autre
vie
Son feuillage est
d'outre-mer
Quand tout au loin luit son
désastre
Il fait troupeau vers les quatre
saisons
Il fait tombeau aux bornages
O nègres marrons
!
Ce sont forêts de béton et d'arbres
chauves
Souviens-toi de l'enfant mort
d'atterrir
En un seul bloc de
froidure
Dessous le ventre de l'avion
Souviens-toi de sa mort d'oiseau gelé
Souviens-toi
Et toi
reconduit
Econduit
Déviré
Jeté par-dessus
bord
Taureau d'herbe
sèche
Regarde toi passer sur ta terre
Les yeux baissés
Et sur la joue le crachat des
nations
Ernest Pépin, Lamentin le 29 octobre
2006