L'accolade
J’ai serré tant de mains.
Je ne sais plus quels doigts
appartiennent à la mienne.
J’ai volé tant de mots
aux lèvres qui passaient.
Je ne signe plus mon nom
qu’au bas du paysage,
sur les vieux pots d’émail
et les chaises de bois.
J’ai caressé la mer
avec les bras d’un fleuve
sans effacer des vagues
le sel bleu des larmes.
J’étais né pour l’amour,
les flocons de l’enfance,
les pelouses de chair,
les clapotis du cœur
et me voilà debout
recousant les trous de balles
avec l’encre des mots.