Georges Saint-Pierre

Publié le par la freniere

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Né à Chicoutimi le 12 septembre 1927. En 1959, il s’était installé à Québec où, dans le Quartier latin, il menait sa vie de bohème et de peintre misérabiliste. Il a été refusé à l’école des Beaux-Arts pas moins de trois fois : parce qu’il était un peintre abstrait (influencé alors par Pollock), parce qu’il portait la barbe, parce qu’il était trop vieux. Depuis ce temps, Saint-Pierre a présenté une vingtaine d’expositions au Québec, en plus de participer à dix-sept expositions collectives. En 1975, le musée du Québec offrait une rétrospective de son œuvre sous le thème des «contes et légendes» illustrés par le peintre.



Comme certains, poètes, Georges Saint-Pierre est un montreur
de monde. Attention! Coriace comme un petit blanc du pays,
il vous arrache l’œil, au passage, comme l’autre vous arrache
la langue. Mais on ne peut pas faire semblant de n’y
avoir point goûté. De ne point l’avoir vu.


D’un trait que d’aucuns trouveraient maladroit, il fait du
moindre rectangle de blanc, de l’espace habité. Le coup de
ciseau de l’artisan. Le coup d’archet du violonneux.


Ses personnages vous regardent, vous voient, vous prennent à
témoin de leur vie, ne vous laissent pas disposer, ne vous donnent
point congé, ne vous excusent de rien, et parfois, franchement,
vous accusent. Pris isolément chacun d’eux est une
bête étrange, hors-la-norme, presque sécurisante. Qu’on
en voie trois, on est forcé de reconnaître, qu’on l’aime ou non,
une façon d’être devant la vie, une manière de voir, un tour
de faire, un style. C’est le sien. Mais après cinq ou six
de ces forts miroirs de lui-même, on retrouve, sans fard, chargée
de ses haillons et de ses splendeurs, la tragique comédie
humaine.

« La peinture, dit-il, n’est pas une évasion, c’est une descente
en soi, souvent une souffrance, je l’apprends à mes dépens dans
la pauvreté au pays des misères ».

Saint-Pierre met son réel à votre disposition, sans ménagement
mais mon pas sans tendresse. Ici, il invite nos yeux à sa table
quotidienne. Avec pudeur et générosité. Et toutes ses familles
regardent ingénuement le monde, l’air à peine de dire : « Quel est le
prochain d’entre nous qui voudra bien s’asseoir dans l’atelier? »

St-Placide, le 9 juillet 1980

Gilles Vigneault

Il est notre modèle à tous,

Avec ses allures de Toulouse-Lautrec.

Il boit du matin jusqu’au soir,

Du soir jusqu’au matin.

On le voit tituber dans les rues de la ville,

Les plus belles filles pendues à son cou.

Sobre quelques jours, il s’enferme chez lui

Dans un réduit infect pour peindre des autoportraits

Et des modèles que sa peinture subjugue.

Il fait partie des personnages

De la bohème de Québec.

Il s’appelle Georges Saint-Pierre.

Il est minuscule, porte la barbe et

Les cheveux longs comme Jésus.

Il est toujours vêtu d’un chapeau et

D’une redingote mauve, trop grande pour lui.

Il n’arrête pas quêter de l’argent à tout le

Monde pour se soûler.

Son alcoolisme est son inspiration.

Ce qui fascine chez lui, c’est son

Pouvoir de séduction.

Les plus belles filles lui sautent dessus

Quand il apparaît dans la rue du Trésor,

Comme s’il fréquentait Picasso.

Pour un verre de bière,

Il dessine en quelques minutes

Un paysage de la vieille ville ou votre profil.

À sa mort, ses toiles prennent de la valeur,

On découvre son talent.

Ses cent modèles le pleurent encore.

 
Pierre Demers
 

J’ai une écriture magique des fois ça fait des bonshommes.

 

Une ambition me hante Donner à l’art sa vraie raison d’être Reconstruire le démoli l’abandonné.

 

Je ne peux grandir en dehors des éléments qui constituent les corps célestes.

 
J’existe comme l’inutile fanal.
 
Georges Saint-Pierre

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Publié dans Les marcheurs de rêve

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