Je vous les donne

Publié le par la freniere


Ils croient leur vie plus importante que celle d'un moineau, leur esprit plus savant que la pierre. Ils rient de la pauvreté du rossignol. Ils courent. Vite esclaves, à la fabrique des fouets. Tendez les cous aux fers. Ceci, cela, encore, plus. Le manège tourne et tourne sur lui-même. Engins tueurs, ils orchestrent leurs jeux en massacres, légaux. La bonté meurt, confettis sur leurs bacchanales. Ils prennent, vident, avides. Ils pillent, possèdent, jouissent, vomissent. Leurs têtes aveugles au billot des plaisirs vont du sexe aux monnaies, du vouloir au profit. Et d'analyses en sécheresses, ils mangent le coeur et la mort des autres. Les mots ont mal d'être leur langue. Les mots se taisent. Les mots s'évadent. Ils quittent l'arène pour approcher la mer, son silence bruissant. Pour regarder le ciel, son pas immobile. Pour écouter l'air, son chant de traverse. Les mots abondent l'univers, mercient le soleil remonté chaque jour. Les mots apprennent l'amour. Ramènent l'amour. Terre ma Mère, et tes patiences d'arbres, tes couleurs parfumées, tes mains de pluies, ta nourriture simple. Terre, ma Mère, j'ai peu de mots, je te les donne. Ils vont lentement, comme les graines.


Ile Eniger       Poivre bleu

 

Publié dans Ile Eniger

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