Tahar Bekri
Poète né en 1951 à Gabès en Tunisie. Vit à Paris depuis 1976. Ecrit en français et en arabe. A publié une vingtaine d'ouvrages ( poésie, essai, livre d'art ). Sa poésie, saluée par la critique, est traduite dans différentes langues (russe, anglais, italien, espagnol, turc, etc.). Elle fait l'objet de travaux universitaires.
Son œuvre, marquée par l'exil et l'errance, évoque des traversées de temps et d'espaces continuellement réinventés. Parole intérieure, elle est enracinée dans la mémoire, en quête d'horizons nouveaux, à la croisée de la tradition et de la modernité. Elle se veut avant tout chant fraternel, terre sans frontières. Tahar Bekri est considéré aujourd'hui comme l'une des voix importantes du Maghreb. Il est actuellement Maître de conférences à l'Université de Paris X-Nanterre.
Bibliographie :
Le Livre du souvenir, carnets, Ed. Elyzad, Tunis, 2007
Si la musique doit mourir, Ed. Al Manar, 2006
Les Songes impatients Ed. ASPECT, Nancy, 2004
La brûlante rumeur de la mer Ed. Al Manar, 2004
L'Horizon incendié, Ed. Al Manar, Neuilly, 2002
Le Laboureur du soleil, Ed. Silex, 1983 ; 2ème Ed. L'Harmattan, 1991
Le Chant du roi errant, Ed. L'Harmattan, 1985
Le Cœur rompu aux océans, Ed. L'Harmattan, 1988
Poèmes à Selma, (en arabe) Ed. Hiwar, Rotterdam, 1989 ; 2ème Ed. L'Harmattan, 1996
Les Chapelets d'attache, Ed. Amiot, 1993 ; 2ème Ed. L'Harmattan, 1994.
Les Songes impatients, Ed. L'Hexagone, Montréal, 1997
Journal de neige et de feu, (en arabe) Ed. L'Or du temps, Tunis, 1997
Marcher sur l'oubli, entretiens avec Olivier Apert et poésie, Ed. L'Harmattan, 2000
La Sève des jours, CD, Edition Sonore Artalect, 2003.
Si ton char tue ma prière
Si le canon est ton frère
Si tes bottes rasent mes coquelicots
Comment peux-tu effacer ton ombre
Parmi les pierres ?
Si mon église est ton abattoir
Si tes balles assiègent ma croix
Son mon calvaire est ton bougeoir
Si les barbelés sont tes frontières
Si ta haine par-dessus le toit de ma maison
Confond minaret et mirador
Si ta fumée sature mon horizon
Si tes haut-parleurs assourdissent mes cloches
Comment peux-tu honorer le levant ?
Si tes griffes mordent mon sanctuaire
Si tes casques sont tes œillères
Si tu arraches mon olivier
Ses rameaux pour ton fumier
Comment peux-tu retenir la puanteur des cendres ?
Si Jenine en arabe est fœtus et embryon
Que tu enterres vivant oublieux de l'Histoire
Si la poudre est ton encensoir
Si tes fusées blessent ma nuit sombre
Tes dalles se consolent-elles d'être des tombes ?
Si le mensonge est ton épine dorsale
Si tu nourris mes racines de ton sang
Si tu caches mon cadavre
Pour étrangler le cri de la terre
Comment peux-tu prétendre quelle est ta terre ?