Ton tout premier berceau (Belgique)
là où aucun mot, là où aucun son
estomaquée sous le jet du caillou
dense de te vivre ma douce
tu n'as rien dit, une seconde,
puis toute ta peau a vagi
contre la courbe de mon cou
ton tout premier berceau
ma chair en tremblement de mère
secousse de souffles
pour toi l'expulsée vive
je reste coincé dans un simple
bonjour
depuis,
je demeure à la porte
bouche en suspens car il me faut te boire
pour te croire
on m'a remis des
bans à proclamer
peints à la plume sur de longues écharpes
qu'on tire de mes poches
pour enrouler les tailles des mères,
les épaules d'enfants
et tous parlent
et tous rient
sautillent comme des cabris furieux de montagnes
tant que
des places publiques surgissent sous leurs rondes
tandis que des kiosques grondent cents trompettes
leur cavalcades ont forgé ton nom dans la terre
réponse au cieux qui s'effrangent
cristal par cristal
tu croîs à demeure sur mon ventre
je mastiques le temps
souffle une bulle
demain est hier
aujourd'hui dégèle sur mon seuil
et me voila, infra chant, infra verbe
ta trop prolifique vie d'ange
vissée à mon buste, à mes bras de cocagne
à mon regard tes nielles noires
ou suivant de l'oreille
mes concrétions de soupirs
mes quatre mots doux, mes trois chants pour
désoler le mutisme
de mon amour
ta main accroche une sentinelle
à ma clavicule
le lait décharge son impatience
dans mon sein
me voici