Ondine (Bretagne)

Publié le par la freniere


Je te prendrai dans l'émotion des landes
muettement tu embrasseras ma terre
Je te prendrai dans la clarté des fontaines
avidement je te boirai

Tu portes mes amours mauves
dans la source des prunelles
écoute
les ajoncs et les plantes
vont chanter pour nous deux
la nuit fertile, la plage fraternelle

Nous referons cette Cornouaille mortelle
secrètement
dans le lit des hautes herbes
je te prendrai dans la grange verte
et ton corps aux semences mélangé
concevra tout un pays de fougères
et de genêts.

Ma belle amie sur la grève allongée
comme moi désire la mer
laisse-toi chavirer sous le vent des navires
dans la laine fragile des pluies
je te prendrai encore
tes bras ruisselant de désirs
serreront la bruyère de mes veines

Je te prendrai dans l'allée des grands chênes
sous tes reins efface la peine des tombeaux
il faut vaincre la mort au lever du soleil
chaque matin prends la vie à belles mains
dans ton regard affamé de merveilles
recrée pour moi les paysages que j'aimais

Ô femme, ma bourgade de gamines
mon dimanche d'écolier, ma chaumine
mon amour mauve, mon beau gilet
brode des bleuets sur le lin des détresses
et couvre-moi de la liesse des grands arbres
afin que je t'aime encore, une prochaine fois

.

Xavier Grall

Publié dans Poésie du monde

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