Jean Mambrino

Publié le par la freniere

     Jean Mambrino est né à Londres en 1923 d’ancêtres florentins, andalous et champenois. Il est chargé de la chronique littéraire et dramatique des Études.

   
La poétique de Jean Mambrino se situe d’emblée dans la ligne de celle des écrivains qui cherchent à traduire la réalité dans ce qu’elle a d’essentiel, la présence de l’Être en ce qu’il a de plus authentique et de plus pur...
Cette poésie, simple dans sa forme, trouve sa plus grande originalité dans la richesse d’une symbolique qui use largement du pouvoir évocateur des éléments de la Nature.
     Dictionnaire de Littérature Française (Bordas)
      A.C. Damour

     Mambrino hérite de cette vigilance chère à des René Char, André Frénaud, Jean Malrieu, il boit la nuit à longues lampées, et le bruit de sa soif est là, sans déguisement, sans lâcheté. Poèmes-nids, sans arbre, sans terre, et qui pourtant font une présence à deux dans la page, lèvent un verre à la santé du désastre, et nous enracinent dans cette petite verticale fragile du dedans : le poème.
     Dominique Sampiero, Le Matricule des Anges, décembre 1993/janvier 1994

 
 
 

Les larmes d’un enfant

 
Seuls les mots les plus simples,
Les plus tranquilles,
Peuvent illuminer l’infini diamant
Du monde, où brillent ce matin
Les larmes d’un enfant
À l’instant de s’endormir
De l’autre côté de la terre.
Elles purifient le temps, rachètent
Les crimes. Il apprend
À ouvrir ses petites mains,
Fête ainsi sa naissance,
Sa fin qui commence à germer.
Il console sans le savoir
Un vieillard abandonné
Au fond d’une autre galaxie.
Le même matin, le même soir.
 
 
Nous ne savions pas
 
Il semble que le soleil fleurisse
Hors de l’étang, dans le calice du soir,
Et parfume l’air à l’instant de mourir,
L’eau et le ciel mélangeant
Leurs délices, dans un éclaboussement
D’hirondelles. Un silence descend vers nous
De la hauteur, stupéfait devant
Tant de beauté qu’on ne peut voir.
Il s’allonge à nos pieds pour nous aider
À dormir dans la gloire. L’horizon brille
Vert et or, aspire le cœur de celui
Qui s’enfonce vers son départ.
Nous ne savions pas, n’avions pas voulu savoir
Que nous étions aimés.
 
 
Bibliographie :
 
.poésie

Le Veilleur aveugle, Mercure de France, 1965
Clairière, Desclée de Brouwer, 1974
Sainte Lumière, Desclée de Brouwer 1976
L’Oiseau cœur, Stock, 1979
Ainsi ruse le mystère, Corti, 1983
La Ligne
de feu, Corti, 1986
La Saison
du monde, Corti, 1986
Le Mot de passe, Corti, 1987
Le Chiffre de la nuit, Corti, 1989
Le Palimpseste ou les dialogues du désir, Corti, 1991
Casser les soleils, Corti, 1993
N’être pour naître, Corti, 1996
L’Odyssée inconnue, L’Harmattan, 1996
Le Théâtre au cœur, Desclée de Brouwer, 1996
Le Centre à l’écart, Librairie Bleue, 1998
L’aube sous les paupières, Librairie Bleue, 2000
L’Hespérie, pays du soir, Arfuyen, 2000
La pénombre de l’or, Arfuyen, 2002
L’Abîme blanc, Arfuyen, 2005

 
.prose

Le Chant profond, Corti, 1985
Lire comme on se souvient, Phébus, 2000
La Patrie
de l’âme, Phébus, 2004

 

Publié dans Les marcheurs de rêve

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