Chaque pied est une route
Quand les tapis de prières montrent la corde, on entrevoit parfois le néant des croyances. Qu'on soit bien habillé n'empêche pas la mort de gratter sous la peau. Si tout finit, tout recommence. Il n'y a pas de bout du monde. C'est l'univers entier que l'on porte avec soi. On apprend à le voir un peu plus chaque pas. Chaque doigt est une main. Chaque pied est une route. Je ne dors plus qu'à la belle étoile, enroulé dans mes rêves. Affamé de la vie, je n'écris plus une page où ne figure le mot pain. De l'injure au poème, dans la prière que je dis, je n'attends que la paix. Pour noyer le chagrin, c'est la bouche en gouttière que je recueille l'eau de pluie. Tous les tombeaux sont vides. Les morts nous habitent. Mon jardin, fleur à fleur, réinvente la vie. Je ne veux pas finir entre deux dates mais en faire un tremplin. S'accommoder du temps, c'est rétrécir l'âme. Je ne veux pas du temps qu'on me refuse mais de l'éternité possible.