Un bouquet d'hommes
Un bouquet d'hommes fait de l'ombre au jardin. Pourquoi a-t-il fallu qu'on l'arrose de sang ? Qu'on taille ses racines sans respecter la terre ? Qu'on fasse de ses pétales une chair à canon, un bras d'usine, un compte en banque ? Il ne faut pas désespérer. Dans les terres en friche, des fleurs sauvages repoussent. La lumière continue ce que l'ombre commence. Il n'y a pas d'ombre sans soleil, de silhouette sans corps ni de fumée sans feu. Une seule goutte de sève porte le cœur d'un arbre. Ses racines survivent au passage du feu. Qui peut nous dire qui nous sommes ? Même multipliés aux dimensions du rien, nous sommes ouverts à tout. C'est à force de vie que le printemps renaît. Je ne crains pas l'hiver s'il apporte l'été. Il a suffi d'un souffle pour inventer le cri, des millénaires de caresses pour que viennent les mots.