Le vent des élections
Le virage vert du gouvernement Charest n’est que de la poudre aux yeux pour plaire à ceux qui sont prêts à détruire tout le pays pour sauver une seule rivière. On sait maintenant que l’énergie éolienne n’est pas vraiment propre. (À moins que ce soit de petites unités appartenant aux citoyens.) C’est une technologie qui sera vite dépassée par l’énergie solaire. Hydro-Québec qui a reçu le mandat d’installer des éoliennes n’est pas intéressée par ce type d’énergie. Elle a donc refilé le contrat à l’entreprise privée avec les conséquences que l’on voit présentement. Cette dernière a une sainte horreur de la démocratie. Elle préfère la corruption financière, la manipulation grossière des lois et travaille en sous-main avec la complicité des maires et conseillers municipaux sans se préoccuper du bien-être des citoyens. Son action consiste essentiellement en intrigues et opérations souterraines, précédées, encadrées et dissimulées par la manipulation morale de l’opinion publique. La légitimité des élus n’est qu’un leurre quand tous les partis travaillent sous le joug du profit. Une matraque coiffée d’une perruque n’en fait pas moins saigner les hommes. Entre les mains du capital, l’écologie est devenue l’or vert. On va jusqu’à détruire sous prétexte de sauver. Les sandales du rêve deviennent des bottes cloutées et les sentiers pédestres des autoroutes pour les tracteurs à chenilles. Quand l’embonpoint des banques se met à uriner, la neige immaculée se tache de cambouis. Non satisfaite de rendre les hommes plus bêtes que leurs machines, désertifier la terre, défolier l’espérance, l’idéologie du profit veut asservir le vent. On voudrait faire de nous des insectes sans tête. L’histoire se répète sans que les hommes apprennent. Les guerres se succèdent sans souvenir des morts. Un devoir d’oubli a fait place au devoir de mémoire. Faudra-t-il crier aux morts, aux montagnes, aux nuages : «Aidez-nous ! Ne laissez pas l’insignifiance nous dévorer notre cœur.» L’énergie éolienne n’est pas nécessairement verte. Un couteau entre les mains d’un cuisinier est très utile pour se nourrir mais il peut aussi servir à tuer son voisin. Permettre l’exploitation du vent par les multinationales, c’est arracher le couteau des mains du cuisinier pour le mettre entre les mains d’un assassin. Il ne faut pas se faire d’illusion, dans le froissement du papier monnaie, c’est toujours le diable qu’on entend ricaner. L’implantation d’éoliennes industrielles en milieu habité détruit non seulement l’environnement mais déchire le tissu social. Un tel projet dans les Appalaches brise déjà l’harmonie qui régnait dans les villages comme St-Ferdinand, Ste-Sophie, St-Julien. Durant tout le processus de mise en place des projets éoliens, le déficit démocratique a été trop grave pour qu’on puisse faire confiance aux élus municipaux et aux fonctionnaires des MRC. Du premier contrat signé jusqu’aux récents changements à la loi du zonage agricole, tout s’est fait en cachette. Il est maintenant avéré que certains conseillers municipaux étaient carrément en conflit d’intérêt lorsqu’ils ont voté sur les projets. Le code d’éthique mis en place par le gouvernement pour implanter de tels projets n’a jamais été respecté par les municipalités. Aux audiences du BAPE, peu importe la question que l’on pose aux promoteurs, ils ne répondent qu’en chiffres. Ils ne connaissent pas le langage de la vie, encore moins les cris du cœur. C’est bien de faire connaître son point de vue devant le BAPE mais il faut aussi savoir que cet organisme fait rarement le poids devant le conseil des ministres. Le projet Rabaska a été refusé par le BAPE mais accepté par le conseil des ministres. Le véritable enjeu se situe au niveau des municipalités. Ce sont les MRC et les municipalités qui sont responsables de l’aménagement du territoire. C’est aux citoyens de prendre en main leur destinée et l’avenir de leurs enfants. Il faut profiter des prochaines campagnes électorales au niveau municipal pour déloger les magouilleurs, les profiteurs et les dinosaures de la mesquinerie politique, autant dans les petits villages que dans les villes plus grandes comme Plessisville et Princeville puisqu’elles ont plus de votes dans les MRC. Victoriaville a déjà pris position contre l’implantation d’éoliennes industrielles sur son territoire. Le village d’Irlande aussi. Ils doivent servir d’exemple aux autres municipalités environnantes. La seule façon d’enrayer l’envahissement de nos terres par ces monstres technologiques, c’est de lutter aux niveaux des municipalités et du fonctionnement des MRC. Il faudrait peut-être même envisager la création d’un mouvement politique chargé de faire le ménage dans les hôtels de ville où règne encore une politicaillerie moyenâgeuse.