Un Cri de Pierre Autin-Grenier

Publié le par la freniere


Et maintenant, comme je l’ai dit au début, nous pressions le pas sous la Grande Ourse. Dissipée notre frayeur nous avancions, résolus, comme aspirés par l’horrible trou borgne de la nuit, en direction de cette interminable agonie. En somme on marchait à la recherche d’un cri. L’essentiel n’était-il pas de trouver d’où cela venait ? Après, nous verrions bien...

Une nuit d’hiver, les habitants d’une ferme partent dans les bois pour découvrir l’origine d’une inquiétante plainte, « du côté des collines ». Accompagnés de l’éclat d’une lune « étrangement écarlate », de lanternes, de chiens, et du souvenir du « crime des Granges Rouges », les hommes s’enfoncent dans l’obscurité. « Il se passe, en décembre, des faits bien étranges à l’écart de nos bourgs »... Le cri devient grognement, ricanement ; malgré la nuit et l’inextricable maquis, les bruits de bête et les craquements d’arbres, le curieux cortège ne cèdera pas à la panique, et sera bientôt à deux doigts de percer le mystère... La première parution d’Un cri, dans le recueil de nouvelles L’Ange au gilet rouge (aux éditions Syros) a marqué un tournant dans l’œuvre de Pierre Autin-Grenier : l’auteur de poésie « noire » nous a offert, depuis, des récits où se côtoient le fantastique et le surréalisme (Toute un vie bien ratée, L’Éternité est inutile). Le rythme des scènes entretient merveilleusement le suspense, jusqu’au tableau final d’une beauté rare, une « vision d’apocalypse » dévoilée dans la toute dernière phrase.

Un cri, Pierre Autin-Grenier, préface de Dominique Fabre, illustration couverture et vignettes intérieures de Laurent Dierick, 36p., collection Texte au carré, 14x14 cm, nouvelle, 2006, ISBN : 2.913388.59.0 9 €

Extrait :

On en avait mis du temps, avant de se décider... Trop, peut-être. Nous étions sortis sur le pas de la porte. Ausculter l’ombre. Un froid de chacal nous avait mordus jusqu’aux entrailles. Immobiles telles des statues de marbre, nous avions attendu. Anxieux, et comme impatients qu’il ne se passe rien. Oui, on espérait alors le silence, l’absolu silence, pour tout dire...

Les éditions Cadex - 334, Devois du château - 30 700 Saint-Siffret - cadex@cadex-editions.net

Publié dans Prose

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