Ce matin (Québec)

Publié le par la freniere

Ce matin, ma petite, ma douce, j'aurais voulu te reprendre à la grisaille de cette cour, à ces visages sous verrou où tu ne sais pas entrer. T'enlever la cape de tristesse serrée sur tes épaules d'écolière.

Viens, je te dirai la sourdine des mousses et des tapis d'épine dans les sous-bois aux lisières de l'automne. La saison immobile envolera ses champs dans une dernière flambée. Tu prendras ma main sans rien dire. Je coulerai des mots de rien, de vieux contes, de chansons pour envelopper ta peine. Je te donnerai cette odeur douce-amère d'eau fraîche, de galets tièdes et de feuilles tombées à rouler sous le nez. Je verrai renaître sur ton visage une virgule de sourire que j'étirerai d'un baiser. Nous jetterons la nappe près de la clairière blonde pour écouter le dernier récital du vent et des abeilles. Sous les grelots du tremble, nous regarderons la dernière danse des monarques avant les migrations.

Laila Cherrat

http://w.louve.over-blog.com/

Publié dans Poésie du monde

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