À la mémoire de Jean Métellus

Publié le par la freniere

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J’ai connu Jean Metellus dans la tourmente sismique de la dictature de François Duvalier. Nous nous sommes souvent rencontrés dans cette résistance à l’arbitraire d’un régime sanguinaire coupable de dizaines de milliers d’assassinats. Nous avons cheminé côte à côte durant des années. 

Lorsque j’ai fondé le Comité connu sous l’appellation de Comité pour juger Duvalier — il s’agissait alors de Baby-Doc — Jean Metellus fut avec Jean-Pierre Faye, fondateur de l’Union des Écrivains et également du Collège International de Philosophie, et Guy de Bosschères, président de l’Union Internationale des Écrivains de langue française, l’un des trois présidents qui m’aidèrent à mettre sur pied cette organisation.

Depuis nos rapports sont restés constant. Toujours dans le même esprit de fraternité, d’affection, je dirais de camaraderie.

Tant de souvenirs affluent. Nos rencontres avec Mimi Barthélemy, Jean-Claude Charles, Max Bourjolly, Gérard Pierre-Charles, René Théodore, Paul baron, Elliott Roy et tant d’autres… Autant d’occasions pour échanger, pour parler du pays, pour confronter nos analyses, pour parfaire notre contribution aux luttes patriotiques. 

Jean a toujours été présent dans ce combat qui nous opposait à cette terrible tragédie.

Par sa plume, par ses déclarations, par ses prises de positions, par ses actions, par sa présence, cet immense écrivain et poète a toujours fait entendre la voix de la justice, de l’histoire, de la culture, de l’honneur de notre peuple.

Toute sa vie aura été un exemple pour les générations montantes. 

Il a été un humaniste exceptionnel dans tous ses comportements d’homme, de médecin, d’intellectuel.

Nous étions tous deux de Jacmel pour laquelle il avait de la tendresse. Je m’honore d’être, comme lui, issu de cette région que nous évoquions parfois dans des moments de nostalgie. 

Adieu Jean Metellus, nous ne t’oublierons pas. A la suite de nos Jacques Roumain, Jacques Stephen Alexis, et bien d’autres encore, tu as aidé à perpétuer nos rêves d’une Haïti glorieuse, fidèle à ses pères de l’Indépendance et de la première et éclatante victoire contre l’esclavagisme. 

Ta place est et sera encore longtemps parmi nous.

A ta compagne, à tes enfants, à tous ceux qui t’ont entouré et aimé, je présente mes condoléances émues. 

Gloire à Jean Metellus. Honneur et Respect ! 

Gérald Bloncourt  janv 2014

 

 

C’était au temps où le ciel et la terre tenaient

            dans la paume d’une main,

Les jours se comptaient au nombre de nos sanglots

Et le souffle d’un seul songe nous sevrait de la

            mort.

Une rumeur timide apaisait notre sang :

Nous recevions le soir avec une cruche d’eau,

Nous accueillons l’aube avec de l’encens,

Nous portions à la vie son rituel, ses vêtements,

Nous maudissions les fourberies de l’oubli,

Les mots fondaient sur les heures à tire-d’aile.

Les dieux sévissaient contre le doute

Ainsi commençait à s’éteindre la haine, à naître

            la patience

Libations au levant et liesse au couchant

C’était la splendeur dans les côtes de l’homme

Nous étions un essaim impétueux

Nous, hommes du sol, à la fois braises et brasier

Nous tressions des hommages aux vivants souterrains

            et aux morts souverains,

Nous tourmentions les terres vierges,

Sous la mousse de l’inquiétude naissait une clarté

            inouïe

Le désarroi n’était plus qu’un frisson fol et bavard :

Nous naissions à l’amour

 

Jean Métellus

Publié dans Les marcheurs de rêve

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