Au zénith

Publié le par la freniere

Le ciel noue des nattes grises puis les effiloche. Le ru fissuré a bu toute son eau. Les portes des cabanes gémissent quand on les pousse. L'alpage jaunit aux épaules des terres. Rameutant ses sonnailles étourdies de chaleur, midi sonne rude et cache son ombre. Un chemin monte, lent, essoufflé. Le pied bute. L'éblouissement sidère. Pas d'air. Dans les grésillements d'insectes, le souffle est celui des rochers, immobile et brûlant. Au zénith, une lame blanche découpe le brasier du jour qui tombe, et courbe l'herbe en oraison ardente. Des heures calcinées, on entend vibrer les aigus. Les bêtes chaument, placides et transpirantes. Dans la fournaise, l'estive porte un arbre sur son dos, décharné. Il ne pleuvra qu'un orage sec déchiré d'éclairs. Il faudrait que la pluie tombe drue, qu'elle casse le miroir du ciel.

 

Ile Eniger

 

Publié dans Ile Eniger

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