Ce serait une vague

Publié le par la freniere

Si j'osais me glisser aux forêts de tes bras, aux orées de tes yeux, aux brousses de tes gestes, tu apprivoiserais ma petite robe rouge. Du profond de ta voix renaîtrait ton inquiète. Tu lui ferais de jour cette nuit écarlate à flamber l'arc en elle d'un ciel qui s'abandonne.  Tu la ferais lumière pour couvrir les distances, cette eau de strates de volcans sur l’écorce d’été. Les journées incertaines chausseraient l’horizon, ratures de cahier joignant des ailes aux mots, la sève élancerait ses longues veines d'arbre, et le cri d’un oiseau sur la paille de juin ranimerait l'espoir dans la moindre brindille. Si j’osais mes audaces, tu saurais l’infini.  Et là, dans le rectangle de ta porte qui s'ouvre, le monde se verrait à l'aulne de ta chambre, volets tirés sur l'heure, l'impossible rompu, cette faim à la bouche pour rassasier l'amour. Ce serait si j'osais, le feu des hautes herbes quand les soleils embrasent avant de tomber nus sur les reins de la terre. Ce serait le début et ce serait encore. Ce serait une vague,  et ce serait la mer où dessiner une île dans la largeur du jour.

 

Ile Eniger

Publié dans Ile Eniger

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