Fernand Dumont
Fernand Demoustier, qui utilisa le pseudonyme de Fernand Dumont, est un écrivain surréaliste belge né à Mons le 28 décembre 1906 et mort le 15 mars 1945 au camp de concentration de Bergen-Belsen.
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Je suis très près, je me tiens très près depuis des années de ce que vous écrivez et j’ai quelquefois l’illusion, le long de l’influence du soleil, que telle phrase dont le commencement vous est donné, s’il m’était donné, je ne la finirais pas très différemment de vous. Ce langage que vous parlez est celui qui m’est le plus cher, celui de la généralisation duquel je tiens le plus. Je l’aime jusque dans ses faiblesses nécessaires, il a pour moi la saveur de l’originel. André Breton
Bibliographie
A ciel ouvert, Éditions des Cahiers de Rupture, La Louvière, 1937.
La Région du cœur [trois récits], Éditions du Groupe surréaliste en Hainaut, Mons, 1939.
Traité des fées, Ça ira, Anvers, 1942.
La Grande Nocturne, dans "Les deux Sœurs" n° 1, Bruxelles, 1947.
La Liberté, Éditions de Haute Nuit, Mons, 1948.
L'Étoile du berger, Labor, Bruxelles, 1955.
La Notion de Famille, dans "Savoir et Beauté" n° 2-3, La Louvière, 1961.
Film surréaliste, Les Lèvres nues, Bruxelles, 1970.
Quatre poèmes, dans "Le Vocatif" n° 127, Bruxelles, 1977.
Dialectique du hasard au service du désir, préface de Louis Scutenaire, avec un portrait par Max Servais, Brassa éditeur, Bruxelles, 1979 (292 p.)
Tu ne le connais pas
cet homme
aux lèvres inabordables
aux injures décisives
au masque de refus
aux yeux de fin du monde
Cet homme qui ne sait plus
s’il doit brûler ce qui lui reste encore de vie
ou lui lancer au cœur ce qui doit la tuer
Cet homme qui te parle à voix basse
tous les soirs
comme s’il avait peur
du monde
et de toi
Tu ne l’as jamais vu
se pencher à tomber
sur les précipices de ton absence
et ne se rattraper
par un miracle d’équilibre
qu’aux extrêmes sonorités de ton rire
jeune
et frais
comme un matin d’avril sur les pommiers en fleurs
*
Trop tard
pour échapper à ce nuage éblouissant
qui monte dans un ciel encombré de présages
Nous serons pris par la tempête inoubliable
celle où l’on voit avec stupeur
les plus solides importances
balayées comme des fétus de paille
La mort du grand-père
aucune importance
La réputation
merde
C’est de vivre qu’il s’agit
ni plus ni moins
que pour ce fagot de branches noires
dont nous nous demandions s’il était bien possible
qu’il puisse encore un jour être couvert de roses.
*
Impossible de s’y tromper
c’est toujours au bord du monde
que nous nous rencontrons
à l’heure où les dernières fantaisies
s’éteignent une à une
dans le brouillard des apparences
Il n’y a plus ici qu’une immense lumière
qui passe en crépitant de tes regards aux miens
Il n’y a plus autour de nous
qu’un grand espace vide
à peine traversé de tramways invisibles
et de bruits inutiles
Et s’il reste encore une très petite place entre nous
c’est pour y recevoir
notre désir de la voir disparaître
Fernand Dumont