Gilbert Larocque

Publié le par la freniere

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Oui, je sais, cette chronique concerne la littérature étrangère et Gilbert La Rocque est québécois, né à Montréal en 1943, mort à Montréal en 1984 (après s’être effondré au Salon du livre). C’était un homme au caractère rude, gueule de bûcheron, ceinture noire au judo, qui a été ouvrier, caissier, commis, puis directeur littéraire aux éditions de l’Aurore et chez Québec Amérique. Mais pour nous lecteurs, vingt-deux ans après sa disparition et son «presqu’oubli», c’est l’écrivain qui importe, que l’on a à découvrir, parce qu’il avait une plume et un style exceptionnels.

Oublié? Occulté? En tout cas, inexplicablement absent de l’anthologie Gauvin-Miron publiée par l’Hexagone (éditions 1989 et 1998), alors que La Rocque (que je n’ai pas lu au moment des parutions de 1970 à 1984) mérite d’être reconnu au même titre que les grandes plumes de la modernité nord-américaine francophone, entre Aquin, Ducharme et Marie-Claire Blais.
 
Ces derniers ont eu le coup de pouce de Paris pour faire leur chemin dans le lectorat québécois, sensible à la reconnaissance venue d’ailleurs, mais La Rocque, comme Gauvreau, n’a pu jouir de cette reconnaissance, et cela explique en partie que son oeuvre interrompue (six romans) soit demeurée peu connue. Elle fut saluée par ses pairs (Victor-Lévy Beaulieu qui célébra son «souffle», Marie-Claire Blais qui reconnaissait «la savante complexité» de son écriture) mais, depuis, sans un soutien actif de la critique et de l’institution, La Rocque est dangereusement sur la voie de l’oubli.

Au sortir du purgatoire

 

C’est de cet injuste abandon (purgatoire de force) que la réédition de ses six titres, entreprise chez Typo en 2003, devrait le sortir, car La Rocque, qui a laissé le souvenir d’un être à querelles (surtout avec la presse, d’où le silence de Réginald Martel qui, à sa mort, salua l’éditeur et fit l’impasse sur l’oeuvre), s’il trouve enfin le lectorat qu’il mérite, apparaîtra dans sa juste mesure. Il s’agit en effet d’un écrivain féroce, absolument moderne, à l’écriture lyrique et sombre, qui a fait de la famille et de la mort les thèmes entremêlés (le noeud) de grandes désespérances, celles des humains condamnés au mensonge.

 

(…)

 

Robert Lévesque

 

 

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Publié dans Les marcheurs de rêve

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