Ils ont dit
On est forcé de prendre des vacances, incroyable mais vrai. L’homme accepte son malheur, son esclavage, pourvu qu’on lui promette trois semaines d’ennui libre tous les ans, et la retraite un peu avant de mourir. Je n’invente rien, nous en sommes tous un peu là. Les autres, les chefs, les grands, les «banquiers», n’en parlons pas. Ils n’existent pas. Ils sont déjà morts. Laissons-les faire avec leurs grosses voitures, leurs villas à golf miniature. Leurs maîtresses à gros tirage. Aucune importance. Morts. Des morts un peu gênants. Mais des morts. La vie est au rez-de-chaussée, ils siègent là-haut, entre les cuisses de leurs dactylos, les bouteilles de cognac. N’y faisons pas attention. Un sort pareil vaut bien quelques distractions. On devrait les empêcher de faire de la politique, bien sûr. Mais comme tout le monde vote pour eux, c’est assez compromis.
Georges Perros