J'ai vu (France)

Publié le par la freniere

J’ai vu des poules armées jusqu’aux dents


J’ai vu des gendarmes coursés par des voleurs


J’ai vu le vent filer comme un bas


J’ai vu des cordes se prendre pour la pluie


J’ai vu d’autres cordes se pendre de désespoir


J’ai vu des pendus ne pas valoir la corde à laquelle ils se balancent


J’ai vu un fil se trouver trop gros ou un allegro qui se défile
J’ai vu la mer se précipiter sur la grève au grand galop


A angle vif les nerfs à vif
Dans un rond de lumière une petite fille seule, immobile


On a oublié l’innocence c’est le cerveau qui se calcifie


On a oublié le goût de l’oxygène
Comme une girouette au sommet de l’Himalaya


Et le vent se fracasse sur les falaises dans un chant de troubadour
Les rochers verdissent
De minéral ils changent de sexe


Attendons la prochaine lunaison pour nous retrouver
L’homme est l’étai sous lequel le monde essaye de tenir
Il succombe à la tentation de la seringue, du gin, du sexe, de l’argent, du pouvoir
Et tout s’écroule

Puis se confesse en espérant

J’ai trouvé dans un cerneau le secret des fourmis
Le vent est un mélodiste
Dans des babouches de cuir les pieds désorientés et éreintés s’orientalisent
Sous le sable d’or dort un trésor

 

Michèle Menesclou


Publié dans Poésie du monde

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article