Jean-Pierre Thuillat

Publié le par la freniere

 

Né le 15 avril 1943 à Saint-Yrieix-la-Perche (Haute-Vienne), sur les confins du Limousin et du Périgord Vert.

Médiéviste de formation. Etudes d'histoire à Limoges, Poitiers et Toulouse. Certificat de lingustique comparée des langues romanes (étude sur le troubadour Bertran de Born) et DEA du Centre d'Etudes Supérieures de Civilisation Médiévale de Poitiers. Professeur retraité.
Dirige depuis 1983 la revue "Friches, Cahiers de Poésie Verte".

     

Ouvrage historique

 Bertran de Born, histoire et légende, Fanlac éd., 2009. Prix Brantôme de la biographie historique.

Recueils de poèmes

Où l'oeil se pose, Verglas du bonheur II, Fédérop, 2003

La recherche des cèpes en automne sous la pluie, Jean Le Mauve, 1998

Le versant d'ombre, finaliste du Prix Max-Pol Fouchet, L'arrière-pays, 1996

Parabole pour un arbre seul, Sélection du Prix Artaud, Jean Le Mauve, 1992

Mémoires d'avant-naissance, Cahiers de poésie Verte, 1987

Le désert en face, Traces et Cahiers de Poésie Verte, 1982

Testa a etestar, papmhlet bilingue occitan/français, IEO, 1977

Verglas du bonheur, Saint-Germain-des-Prés, 1976

D'ombres et d'amours, Prix Saint-Exupéry, NCJ, Bordeaux, 1970

Anthologie

Poètes d'Occitanie : la poésie limousine d'expression française et occitane, Revue "Poésie 1", n° 79/80, Saint-Germain-des-Prés, 1980

 

PLANH

Pour Bernard de Ventadour et Bertran de Born, poètes vivants

La modernité ne s'écrit plus dans Athènes mais dans
une nouvelle Athènes sans Grecs ni Latins
peut-être la baie de l'Hudson peut-être
les rives d'un Fuji nappé de Chantilly
ou celles du delta dans Calcutta la Grande
lorsqu'au matin l'on va déverser sur la berge
tous les cadavres de la nuit.

Mais plus jamais, hélas! ne s'écrira
entre Loire et Garonne où vous naquîtes fiers
de relever le gant perdu par les Atrides.
Plus d'aigle à Ventadour pour tailler le granit
plus d'héraut à Uzerche ni même à Excideuil.
Le calcaire du Dalon s'effrite sur vos os.

Degun pus n'auvira la lenga trobairitz
qu'avia plan esvelhat las gens d'emper aqui.*

Europe a regagné les vergers de son père
et Olympie se vend au Popocatepetl.

Poème publié, dans une version un peu différente, par la revue Encres Vives

* Personne n'entendra plus le parler troubadour
qui avait réveillé les gens de par ici.

 

Planh (élégie funèbre)

 

pour Bernard de Ventadorn
et Bertran de Born,
poètes vivants.


La modernité ne s’écrit plus dans Athènes mais dans
une nouvelle Athènes sans Grecs ni Latins
peut-être la baie de l’Hudson    peut-être
les rives d’un Fuji nappé de Chantilly
ou celles du delta dans Calcutta la Grande
lorsque au matin l’on va déverser sur la berge
tous les cadavres de la nuit.


Et plus jamais, hélas ! ne s’écrira
entre Loire et Garonne où vous naquîtes fiers
de relever le gant perdu par les Atrides.
Plus d’aigle à Ventadour pour tailler le granit
plus d’héraut à Uzerche ni même à Hautefort.
Le calcaire de Dalon s’effrite sur vos os.


Degun pus n’auvira la lenga trobairitz
qu’avia plan esvelhat las gens d’emper aqui.

Europe a regagné les vergers de son père
et Olympie se vend au Popocatepetl.

 

 

Pas très clair

 

                        À Césaire et Guy Tirolien, Édouard Glissant ou Senghor

                        à tous les nègres blancs, jaunes ou noirs.

 

Sous le fard trompeur de ma peau

ma négriotude est plus profonde que la tienne

moi qui ne peux même pas montrer

ma différence sur mon visage

 

De mes grands ancêtres les serfs

je garde dans le sang trace des coups de fouet

des coups de pied du maître et des humiliations.

Je suis l’esclave de la trente-deuxième génération

et ma vie ne suffirait pas

à faire de moi un maître même si je le voulais.

 

Les puissants continuent d’engendrer des puissants

et ceux qui doutent

            ceux qui ne savent pas

                        ceux qui demeurent

                                   et ceux qui croient savoir

ceux qui acceptent

            et qui se taisent

                        et ceux qui accroupis

                                   et ceux qui cravatés

                                               et ceux qui croient savoir

qui croient être arrivés

 

tous ceux-là portent sur la nuque

le joug de leur histoire

et l’ombre de leurs morts

 


Jean-Pierre Thuillat


la revue Friches




Publié dans Les marcheurs de rêve

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article