La Constellation du Fils
Fils viens jusqu’à moi
que je t’apprenne
les formes innombrables de la terre
la chanson du sang dans les artères
l’adieu déchirant de la mer au soleil
mouchoir à la surface du soir
Fils viens jusqu’à moi
me tuer de baisers d’or humide
dans la prison de glace
dans la grotte de mousse
dans le pays ténébreux
comme un ventre de femme
avant l’enfantement
Fils viens jusqu’à moi
nous serons tous deux ensemble liés
par chaque pore liés
par chaque cheveu ensemble
nous serons un
Contemplant les racines
qui tendent
leurs petites bouches assoiffées
vers la frontière de la fraîcheur
l’oiseau décollant de la pierre
écoutant l’oreille empourprée
la partition musicale de ses ailes
Contemplant la feuille sèche
et le fleuve de rayons
les gros fruits tropicaux
où les lèvres s’enfoncent et défaillent
Fils viens jusqu’à moi
habiter mon silence
peupler mon angoisse
d’astres d’azur
fortifié et d’îles
André Laude