La grammaire du coeur

Publié le par la freniere

Mon cœur bat fort sous ma chemise, à petits coups pressés, puis à grands coups plus forts. Il bat pour toi, mon amour.  Il éclot comme une fleur. Je te regarde du fond de moi. Je te vois de partout. Retiens-moi si je tombe, je te porterai mieux. Je t’aime d’un amour si grand que même le mot amour ne peut le contenir. Le dictionnaire des tendresses est trop petit pour le dire, la grammaire du cœur trop brève pour le conjuguer. Entre  vivre et mourir, j’ai choisi de t’aimer. Je resterai debout pour tout ce qui est toi. Ma parole est en flammes pour éclairer tes pas. Pas de mots aujourd’hui. Je t’embrasse avec des lèvres nues. J’ai les mains amoureuses avec des doigts pleins d’idées folles. Je retrouve mes jambes pour aller jusqu’à toi. J’ai l’oreille d’un chat pour t’écouter rêver, les yeux d’un aigle pour te regarder vivre. J’ai le cœur en émoi lorsque je pense à toi. Si je déboule du sommeil, je veux tomber sur toi comme de l’herbe que travaille l’humus.

 

Tu m’aimes, donc je vis. Je sens que tu me touches quand le vent me caresse. Tu es si près comme cette eau qui coule entre mes doigts. Tu es dans l’air que je respire. J’entends battre ton ombre au milieu de la mienne. À l’intérieur de mon corps, il y a ton âme avec la mienne. Si on m’ouvrait le cœur, c’est toi qu’on entendrait.  Avec nos vies secourues l’une par l’autre, nous refaisons le monde à la mesure de l’homme, de l’homme qui devrait être, non celui qui subit. Je ne veux pas t’enlacer comme on emprisonne. Je veux t’embrasser comme on libère, t’aimer comme on vit. Mes doigts s’emballent sur ta peau y trouvant des trésors, y rencontrant la vie.

 

Il y a en moi tant d’espace pour toi, des mers entières, de nouvelles planètes, tant de mots jamais dits, tant de mains pour te prendre, tant de regards vers toi. Il y a en moi tout l’espace possible. La grande maison du temps nous offre sa chaleur. D’un seul regard, tu me fais beau. Chez toi, la fleur de l’âme ne fane jamais. J’en ai toujours l’odeur à la portée du cœur. Parle-moi, mon amour, que je crois à la pureté des paroles. Il faut une autre main pour compléter la sienne, un autre corps pour habiter le sien. Je marche vers toi et c’est marcher vers nous, c’est avancer vers tout. Un fleuve de tendresse coule où nos bras se rejoignent. 

 

Je tricote les nuits pour t’en faire un manteau. Lorsque je vois ton cœur, j’y vois un peu de moi. J’y retrouve ma force d’homme, ma sagesse d’enfant. Je croise ma ligne de cœur avec ta ligne de vie. C’est le même chemin, la même certitude. Je t’embrasse avec les mains. Je te regarde avec les mots. Je bâtis pour de bon une maison dans l’air. C’est sur ta bouche que je cherche mes lèvres, dans tes yeux que je vois.  Je pense très fort à toi. C’est un amour charnel qui traverse les mots. C’est un amour immense.

 

Me proposant la vie, tu m’as ouvert les bras. Je ne sais plus si c’est mon souffle ou ton haleine. Je ne sépare plus mes lèvres de ta bouche, mon ombre de la tienne. L’univers est plus petit que le lieu où je t’aime. Aussi loin que nous soyons l’un de l’autre, nous sommes liés par la présence. Nous sommes à la croisée de rêves qui se touchent. Partout où je suis, quelque chose ouvre ma main pour qu’elle trouve la tienne. Les cigales stridulent, les autos klaxonnent, les cloches sonnent, mais je n’entends que toi. La pluie tombe, le soleil se lève, tous les arbres rougissent, mais je ne vois que toi.

 

Nous sommes ensemble dans la séduction tendre, dans la douce passion, dans la jouissance aimante. Je te vois. Je t’entends. Je te sens. Aie pitié de mes mains qui savent mal donner. Tu m’ouvres le chemin dans les broussailles rêches. Je t’y rejoins du plus loin au plus près. Je t’attends dans chaque maison vide, chaque rue bondée, chaque sentier de montagne. Je sais que tu viendras. Prend ma main. J’en ferai d’autres, autant que de caresses. Chaque mot que je t’écris est comme un doigt sur toi, chaque phrase une main. Je t’envoie une lettre. Je serai tout entier dans l’enveloppe. Notre amour est plus long que la vie.

 

C’est déjà l’automne. Je te réchauffe de baisers, du rouge de la feuille au rouge de tes lèvres. Je t’aime autant ici qu’ailleurs. Je serai plus que je ne suis. Tu seras tout pour moi. Nous serons nus. Nous serons nous. Nous sommes déjà la vie qui retrouve son souffle. Je t’écris une lettre d’un mois, une lettre d’années, une lettre infinie, une lettre de rues pour retrouver tes pas, une lettre de mains qui prolongent ton corps, une lettre pour vivre. Que je ne sois jamais là où tu es, que tu ne sois jamais là où je suis, nous y sommes ensemble. Je sens que te sens. Je sais que je te sais. Tu as laissé sur moi l’empreinte à vif d’une étreinte sans fin. Ce que j’ignore de toi, je le devine, je le dis, je l’invente. Je ne pourrais vivre ni mourir sans toi.

Publié dans Prose

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