La matière du monde

Publié le par la freniere

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Déchirant l’apparence, de l’horizon des dents à la raison des hommes, je crache un alphabet pour

aider au bonheur. Je trace des esquisses entre le nu et l’inconnu. Je demande aux oiseaux, aux abeilles,

aux ruisseaux de me prêter leur voix, à la pensée des blés de sourire un peu plus malgré les pesticides,

aux oies romanichelles de faire chanter le ciel. L’amour seul vaincra les usuriers du coeur. Le Dieu

des riches n’a pas à convertir les pauvres. Ils se partagent entre eux la prière du pain. Ceux qui palais, ceux qui taudis, ceux qui balai, ceux qui maudit, ceux qui bureau, ceux qui moisson, ceux qui comptent,

ceux qui racontent, ceux qui désespèrent et ceux qui rêvent encore partageront leur bien. Je

veux le monde dans son entier, sa beauté, sa misère, son amour. Je veux les hommes debout. Je veux les

enfants libres. Je veux mille musiques, mille images, mille mots pour la parole manquant de voix. Je veux croquer la pomme sans arracher sa peau. Je veux l’osmose des nations avec chacune sa langue

entière.

 

À paraître en août 2012 aux Éditions Trois-Pistoles 

Publié dans Glanures

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