Le Clan Desmarais et les éoliennes
Tout le monde a eu tout faux la semaine dernière dans le débat entourant le parc éolien de la vallée de la Matapédia propriété d’EDF-Énergies Nouvelles et de la société pétrolière albertaine Enbridge. C’est Daniel Breton, député péquiste de Sainte-Marie-Saint-Jacques, qui a d’abord été le porteur du ballon en dénonçant la propriété étrangère du parc d’éoliennes de la vallée de la Matapédia, en Gaspésie. Monsieur Breton s’est aussitôt fait rabrouer par les membres de son parti et ridiculiser par les partis d’Opposition. Monsieur Breton, ancien ministre de l’Environnement et maintenant responsable du dossier de l’électrification des transports, a déclaré que la propriété et les profits d’un tel parc d’éoliennes devaient être québécoises. En fait, ils le sont en bonne partie.
En effet, Power Corporation est impliquée dans ce projet. Paul Desmarais est largement actionnaire dans EDF-Énergie Nouvelles et a délégué Paul Lafont, président-directeur-général de Lafarge (le plus gros producteur de ciment au monde, une filiale à part entière de Power) au Conseil d’administration d’EDF-Énergies Nouvelles. Une large part des profits du parc d’éoliennes de la Matapédia iront donc dans les poches de Paul Desmarais.
Ce n’est pas la première fois que Desmarais fait dans les éoliennes. EDF-Énergies Nouvelles, en effet, achève en ce moment d’implanter au coût de 800 millions de dollars le plus grand parc éolien au pays aux confins du Parc des Laurentides, sur un territoire non organisé qui chevauche les régions du Saguenay et de Charlevoix. J’en ai déjà traité dans ces pages. Comme d’habitude, Hydro-Québec achètera largement à perte l’électricité qui sera produite par les 175 éoliennes de ce parc. Le coût pour Hydro : 11,5 cents le kwh; le prix de vente aux États-Unis : autour de 5 cents le kwh. EDF-Énergies Nouvelles engrangera les profits avec la même facilité que souffle le vent. Nous serons donc encore une fois mis à contribution pour enrichir davantage Paul Desmarais et les membres de son clan. On nous vendra du vent à prix d’or. Quoi d’étonnant qu’Hydro-Québec, qui vend à perte le courant électrique qu’elle produit autant que celui qu’elle achète, veuille augmenter ses tarifs? Il faut bien que quelqu’un paye pour les profits de Power Corporation.
Personne au gouvernement n’a, la semaine dernière, voulu mentionner la mainmise de Paul Desmarais sur ces différents projets d’éoliennes. Madame Pauline Marois, qui appartient au clan Desmarais, s’est contentée de dire que la position de monsieur Breton ne reflétait pas la ligne de son gouvernement. Elle s’est bien gardée de mentionner le nom de Paul Desmarais, elle qui connaît très bien les tenants et les aboutissants de ces divers projets de parcs éoliens. En effet, c’est en partie dans sa circonscription qu’est installé le parc éolien d’EDF-Énergies Nouvelle au Saguenay et dans Charlevoix.
C’est sur des territoires non organisés appartenant à Solifor que sont établis ces parcs d’éoliennes. Solifor, je le rappelle, est une société immobilière fondée par le Fonds de Solidarité de la FTQ. Solifor compte plusieurs filiales dans la plupart des régions du Québec et est devenue le quatrième plus important propriétaire foncier du Québec. C’est ainsi que Solifor brasse des affaires avec Power Corporation et que cette société lui met la table pour que Power engrange encore davantage de milliards. Toutes ces informations ont été complètement occultées par les médias de masse la semaine dernière. Mais faut-il vraiment s’en étonner? C’est la marque distinctive de Power Corp. d’agir en catimini, loin des regards du public, sous la protection complice du silence des politiciens et des médias de masse. Faites circuler s'il-vous-plaît.
François Harvey