Le jour se lève
La lune s’incline sur le bras du soir pour saluer ta vie. Je te regarde compter des chiffres. Mes mains te font la cour. Je ne compte pas nos caresses. Elles se multiplient. Mes yeux s’attardent sur ton cou. Je souffle tes cheveux. Je parle pour nous deux. Mon cœur s’affole autant que la première fois. Nous nous comprenons d’un seul regard, d’un seul mot, d’un seul geste. Tu vis en moi si fort, j’en deviens qui je suis.
Je te vois sous mes paupières. J’appuie mes yeux contre l’amour. Nos deux ombres ne forment qu’une seule silhouette. Le jour se lève entouré par tes bras. J’y suis debout, la tendresse à la main. Quand tu tournes la tête, l’horizon fait de même. Tes fleurs ont le même sourire que toi. Je vais avec elles cueillir tes caresses. Je t’envoie des baisers de silence plus odorants qu’un fruit.
D’un bord à l’autre, je nage dans tes gestes. Voici l’eau fraîche de mes mains, l’odeur des foins coupés égrenant le soleil, les bulles de ma vie pétillant de plaisir, les tremblements épars des trembles du Québec. Voici ma voix, ma soif et ma sève d’érable. Avant de te connaître, tu me manquais déjà. Ton sourire fait taire toute l’injustice du monde.
Je pense à la plus humble, à la fierté des humbles, à la plus émouvante, à la plus douce et c’est toi que je vois. Plus que tout, je tiens à toi. Je tiens au monde par ta main. Je tiens aux phrases par ta voix. Sans toi, je ne tiens plus à rien. Je te trouve partout. La vague n’efface pas tes pas. La nuit n’éteint pas ta lumière. La distance n’empêche pas ta présence. Je découvre mon corps en m’approchant du tien.
Ce que je suis retourne à toi. Ce que tu es nourrit ma vie. Nous sommes à la fois l’envers et l’endroit. Je te donne ce que je suis. Tu me redonnes ce que tu es. Quand je te cherche, je te trouve. Quand je te trouve, tu n’es pas dans une ville, une rue, un pays. Tu es en moi, mon amour. Même sans mots, je parlerai de toi.
On nous croit loin. Nous sommes ensemble dans le même livre. Les draps du lit ont pris ta forme. Je ne suis pas séparable de toi. Malgré la distance, il n’y a pas un fil qui passe entre nous. Quand tu regardes le monde, je me reconnais dans tes yeux. Nos regards nourrissent l’inconnu.
Mes paroles couchent autour de toi. Je fais de mon attente une caresse de plus. Mes yeux te lisent à chaque page du jour. Mes doigts t’écrivent. Dans le langage de nos corps, j’invente l’alphabet à chaque fois que je parle. Le temps passe par toi. L’espace autour de moi est celui de ta peau. Toutes les routes mènent à toi. Nous y sommes du même côté du temps. J’ai une main pour moi, l’autre pour toi. J’ai les mains pleines de toi. Je n’ai plus de fin. Tu me commences là où je croyais finir.
Mes yeux vieillissent mal sans ton regard. Ma vue repousse quand je te vois. Sans toi, mes bras ne servent plus à rien et mon âme est trop courte pour occuper ma peau. Mes mains reprennent vie quand elles touchent ton corps. Tu es ma faim, ma soif. Tu es le pain entre mes mains, la source dans mes yeux. On se nourrit l’un de l’autre. J’ai mis mon cœur à la poste avec ton adresse. Nous l’ouvrirons ensemble avant même qu’il arrive.
J’habite le miracle quand je reste chez toi. Le bonheur est venu avec tes yeux dans les miens, tes mains sous ma chemise, ton souffle sur mon cou. Tu fais partie de moi comme la pluie sur la terre, la sève sous l’écorce, les mots dans le silence. Avec toi, même les chaises vides sourient. Je suis là derrière toi. Je regarde ton monde pour mieux te voir aimer. Nous regardons dans la même direction. Mes yeux suivent tes yeux. Mes mains suivent tes bras. Mes pieds suivent tes pas. Je vois à quel point tu es belle.
Il y a tant d’amour en toi, je ne peux que t’aimer. L’éternité se trouve sous ta robe. Ton parfum ne me quitte jamais. Je te vis à plein nez, à plein cœur, à plein temps. Tes yeux appellent un plongeon. Je m’y noie de plaisir.
Ma compagne de lumière, si jamais il m’arrive de te faire souffrir, ce n’est que l’homme en moi prenant le pas sur l’âme, l’instinct de mort obscurcissant la vie. Malgré mes manques et mes faux pas, je t’aime bien plus haut que ma chute, bien plus loin que la route. Je n’ai qu’à penser à toi pour que tout s’éclaire. Ton regard lave la peau des mots. Ta dignité me relève l’échine.
Que la nuit s’allume ou s’éteigne, je ne vois que toi. Qu’un oiseau chante ou se taise, je n’entends que toi. Je ne sais rien de l’homme qui m’habite. Tu m’en parles parfois et je me reconnais. Tu réveille la graine dans les sillons qui dorment et j’aperçois la vie dans l’œil des bourgeons. Je veux t’écrire je t’aime sur toutes les vitres mais tout la ville l’apprendrait. Tous les oiseaux le chanteraient. Tu es mon dernier amour et tu m’apprends encore à aimer.