Léonard Cohen chante Famous Blue Raincoat

Publié le par la freniere

 

 

Quand on l’écoute en marchant

on cherche une combinaison de pas

pour mouiller la pierre

et déclencher l’ouverture d’un passage

 

désir d’aller plus bas

on devient fantôme noir en plein jour

esprit de centre-ville

traître à quelque chose

sans trop savoir à quoi

un prénom tracé sur un verre

une voiture garée quelque part

qu’on ne trouve plus

 

aux nombreuses clés cassées dans les portes

-leur disposition dans la ville

forme l’exacte carte du ciel-

 

quand on l’écoute en marchant

on devient la femme de tout le monde

et la femme de personne

avec des sacs remplis d’objets brillants

qui brûlent la main et l’épaule

et une bouche malheureuse

qui avale les gens

 

pris d’une envie de pisser qui n’en est pas une

qui envahit tout le milieu de la nuit

simple prétexte

pour dessiner quelque chose

dans l’eau

et se dire que c’est d’avoir trop bu la voix

 

vers la fin de la chanson

il y a une autre voix derrière la guitare

une voix de femme qui ouuh ouuh

quelques secondes seulement

c’est comme un achèvement

un sommet qui surprend

placé tout en bas de la pente

dans la rondeur du flanc

 

on fait alors le geste de saisir un crayon

pour écrire sur son corps

-qui ne valait plus rien-

un prix plus élevé que prévu

 

et des bateaux remplis d’esclaves

partent de nos yeux

vers de plus grandes lumières

 

Stéphane Méliade

Publié dans Poésie à écouter

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