Poème pour Mia et Éloise
Le jardin n’a pas de jambes.
Il marche à petits pois
sur ses pieds de céleri.
Il n’a pas de crâne non plus
mais des têtes d’ail,
des pelures d’oignon
pour habiller l’hiver.
Les fleurs font des taches
sur son costume de terre.
J’emporte pour la route
un casse-croûte de voyelles,
quelques consonnes bleues
dans un cartable à mots,
quelques alinéas
pour la pêche à la ligne,
des virgules d’oiseaux,
une bille de verre
pour la folle du logis.
J’emporte pour en rire
des lapsus, des lapins,
un gromadaire à bosses,
un captus d’épics,
une trompe d’élément,
l’école buissonnière,
des trous dans les œillères,
des tours dans mon sac,
du rire dans les oreilles,
des fourmis dans les jambes,
des comptines sucrées,
des pastilles à l’amour
pour les bobos du cœur.
Je colorie mal.
Mon rêve dépasse dans la marge
Quand il fait trop de haine
dans le pays des grands,
je mélange les couleurs,
les peuples, les frontières
sur les atlas du monde.