Précisions

Publié le par la freniere

À d'autres les oiseaux qui oui oui qui chantaient…

pour moi c'était des trains qui sifflaient

les wagons qui cognaient la vapeur qui soufflait.

 

À demain les saisons différentes…

Aujourd'hui le bureau et qu'il pleuve ou qu'il vente

sous un ciel sans saison la ville indifférente.

 

Mais les fleuves grondants mais les bois gémissants ?…

Non non c'est le moteur des autos que j'entends

le ruisseau du pavé la girouette au vent.

 

On voit dans les chromos de joyeuses fermières !…

Sous l'averse je vois de pauvres ménagères

ou bien c'est la putain plus loin c'est la rentière.

 

Dans les livres on dit que la pierre autrefois

parlait… elle est encor bourdonnante de voix

la radio ronronne et traverse les toits.

 

Où sont les longs loisirs et les longues pensées ?

c'est de mois et de jours que je fais mes années

et les mois et les jours sont des choses comptées,

 

des piétinements sourds dans le fracas des rues

des rêves étouffés des marches descendues

et cette voix toujours en moi-même entendue !

 

Mais je veux avouer je veux être présent

je nomme les objets dont je suis l'habitant

ne me refusez pas ma place dans le temps.

 

Car si je me connais je sais ce qui me passe

si je vois ma prison je possède ma vie

si j'entends ma douleur je tiens ma vérité.

 

Jean Tardieu

Publié dans Poésie du monde

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