Ras le bol des polichinelles
Quand on voit les niaiseries, parfois bien mal écrites, présentées à longueur d'années par les libraires parce que ce qui importe c'est d'aller dans le sens de la mode, on est surpris de constater ce soudain engouement moral qui les fait s'insurger contre le livre de Valérie Trierweiller ! Entendons-nous bien, je ne défends ici ni cet auteur ni le contenu de son livre, car ni l'un ni l'autre ne m'intéressent, pas plus que je ne lis la presse people, ou les avalanches facebookesques qui rivent les participants le cul sur le fauteuil alors que le soleil brille au dehors et qu'il serait bon qu'il brille de la même manière pour tout le monde. Cependant, libres à ceux qui ont envie de lire cet ouvrage dont on ne peut que déplorer qu'il fasse la Une alors que tant de très bons écrivains sont relégués sur des fonds d'étagères , de le faire s'ils en ont envie !
La morale littéraire se veut bien restrictive tout à coup qui ose pourtant mettre en vitrine, à longueur de temps, des livres pas forcément recommandables, morale littéraire qui ne s'intéresse qu'accessoirement à la très bonne littérature de fond et de forme mais qui, tout d'un coup, se découvre une vocation d'effarouchée parce qu'une personne a écrit (mais tant d'autres en font autant !) ses états d'âme. Mais, est-ce à dire que parce que ce livre est un déballage sur une personnalité politique en vue, un haut personnage d'état, il procède du crime de lèse-majesté ? Alors que dans un autre cas, il eût été acceptable ? Faudrait peut-être un peu creuser du côté de cette motivation-là, et voir les paramètres pas très jolis jolis qui la sous-tendent.
Allons, que les libraires et autres agités de l'information se calment, tout cela ce n'est que médias et fariboles à gros sous, qu'on laisse cette personne et son livre passer leur chemin qui ne mérite pas un intérêt débordant ! Aboyer n'est sans doute pas la meilleure solution pour qu'il passe inaperçu ! Et qu'enfin on s'intéresse aux vraies questions d'humanité et de qualité d'écriture !
Alors peut-être s'apercevra-t-on enfin que chez les libraires, comme chez les éditeurs, comme chez tout un chacun, tout n'est pas toujours blanc-bleu, et que, au lieu de tirer à pleins discours inutiles sur les ambulances déglingées, pour s'acheter une conscience, il conviendrait de soigner les états d'esprit afin que ce qui est beau, bon, et bien écrit, puisse enfin vivre sainement dans un domaine littéraire qui en aurait bien besoin .
Ile Eniger