Vickie Gendrau in mémoriam
je me souviens de nous
jeune fille mauve comme le vent
qui pogne dans la robe des vieux-ports
où je te rencontre
je me souviens des autres
qui n'étaient que ceux
qui n'avaient pas cette chambre
où nous nous aimions
comme le temps agenouillé
dans le sablier que tu portais à la poitrine
je me souviens de tes mains
qui défonçaient le jour
lorsque la nuit refusait de finir
petite étoile
qui arpente
la plaine des guérisons
pour m'entraîner au bal finissant
je me souviens de tout
de notre amour-poème de paix de guerre
de whisky de poussières de pierres
lancées d'un bout à l'autre du monde petite étoile
annonçant sa lumière
de nos mois d'accrocher nos noms aux lèvres de Dieu
de poser nos baisers au sommet des tours de l'existence
du temps qui nous replie
dans différents coins du drap du monde
parce que la logique parfaite des amours brûle en quittant les livres
je te retrouve maintenant
dans tes mots d'incendier ce qui nous brûle
tes vagues tes vies dans la peau du papier
et le ressac de nos esprits
et la faim de nos corps
qui sont le germe de tout
et tes yeux qui sont le coin des rues
et tes cheveux le bordel des bars qui nous aimaient
ostie le froid me pénètre de l'ombre des tableaux sacrés
que la marée me rétracte d'oublieux arbitres
que le monde me divulgue un arrêt de procédure
dans ta maison qui doit sentir le bouillon et les fleurs de l'apnée
quand la ruine renvoie ses drones ses gueules grognantes de réveil
rallumer les maladies lentes de shaker le matin
que la marée me monte à hauteur d'homme le flou des rues
et que ta vie se ferme comme une main sur une abeille
quand l'ennui nous brandit à la face de la foudre
le Gig de mort qui pends au-dessus de nos têtes s'étend sur l'espace
monde de mythes & de chirurgies de rechange & de
développements d'aéro-choses de fausses brunantes
et de tout ce qui mouille de l'huileur dans les collines et
de marmaille attardée
un peu de douceur dans les os et du bois sur la peau
j'approche notre rue avec la vapeur du linge
le doré du lait le grichant des disques la bière et sa vie
j'ai voulu désabriller tout ce que je pouvais dans ton couloir de temps
maintenant tout se refroidit des cerfs d'où tu habites
ça fends tout le bois la fibre du froid et le matin
une chance pareil qu'on a eu le crime du feu
ramenés à pied semaine après semaine sur des routes de poêles
à les regarder trop que les chars s'abîment dans des côtes de lendemain
dans ce que la vie contracte de foulure et d'idées aux plafonds dorés des clubs empiriques
qu'on sente plier coeur et genoux de porter leur poids de voir jaillir terrains glissants & sorties de secours
dans le bruit de machine à écrire d'un monde qui penses s'oublier
quand ça jaillit de la route du ventre et du rush
la force de laisser les dieux méchants spinner tout seuls dans le vide
être les monstres qui se broient dans leur propre amour
j'ai approché l'allée sans penser à l'éternel retour
j'essai d'avoir le nerf d'une guerre qui s'élance sur la balle
mais je ne vois plus l'ombre de la bataille à laquelle on voulait se joindre
quelque chose a dû détourner mon souffle du calendrier
je ne sais plus ce qui porte la ville
l'harmonie des chairs l'ombre de nos fugues ou ton rire sur une pente abrupte
demain est-ce qu'il sera trop tard pour aller gueuler à la face du gospel
mai de transfusions nos lits plages sans profondeur
anse pleureuse à tous les jours que le mercure amène ici
chambre monographie
2 enclumes
traversent
le monde
fracas
des manches mortes
dans les stades
oublié
le temps
des feuillages
époussetés
les ramassis
d'âge d'or
je revois la danseuse nue
trouée sans cesse
par les mêmes ailleurs
et qui recense
son catalogue des vents
pour s'envoler
Shawn Cotton