Vous êtes mes aïeux

Publié le par la freniere

vous étiez sûrement à rendre souffle

sur le bord d’un lit

 

vous appeliez vos vieux

vos très vieux dont on ne retrouve plus les noms

 

comment vous pleurer

quand vous me traversez

 

 

*

 

trois jours allongés dans la grande pièce

des fleurs autour et vos pieds vers les champs

 

vous étiez beaux dans la blancheur

 

de vos morts répétitives

est-ce moi qui morte

viens et reviens à vous

 

combien de fois déjà

 

*

 

ce sont de mains dans l’eau dont je rêve

elles plongent et replongent

 

en même temps que vous vous éloignez

vous vous approchez autant

 

je vous entends claquer au vent

vous seriez aussi blancs

et vous bougez autant

 

*

 

je suis à vous pour vous renaître

et aussi peut-être crier pour vous

 

vous me parlez de vos bouches immobiles

 

vos traces dans l’oreiller

vos assauts dans la mémoire

 

*

 

l’arbre perd ses feuilles

vous continuez de vous asseoir sur ses branches

 

vous pensez surement à ces petites morts

ces personnes qu’on enterre

le deuil que vous portiez

 

vous ne faites pas un bruit

 

Cécile Guivarch

Publié dans Poésie du monde

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