Vous êtes mes aïeux
vous étiez sûrement à rendre souffle
sur le bord d’un lit
vous appeliez vos vieux
vos très vieux dont on ne retrouve plus les noms
comment vous pleurer
quand vous me traversez
*
trois jours allongés dans la grande pièce
des fleurs autour et vos pieds vers les champs
vous étiez beaux dans la blancheur
de vos morts répétitives
est-ce moi qui morte
viens et reviens à vous
combien de fois déjà
*
ce sont de mains dans l’eau dont je rêve
elles plongent et replongent
en même temps que vous vous éloignez
vous vous approchez autant
je vous entends claquer au vent
vous seriez aussi blancs
et vous bougez autant
*
je suis à vous pour vous renaître
et aussi peut-être crier pour vous
vous me parlez de vos bouches immobiles
vos traces dans l’oreiller
vos assauts dans la mémoire
*
l’arbre perd ses feuilles
vous continuez de vous asseoir sur ses branches
vous pensez surement à ces petites morts
ces personnes qu’on enterre
le deuil que vous portiez
vous ne faites pas un bruit