Top articles
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À Vicky Gendreau
je me souviens de nous jeune fille mauve comme le vent qui pogne dans la robe des vieux-ports où je te rencontre je me souviens des autres qui n'étaient que ceux qui n'avaient pas cette chambre où nous nous aimions comme le temps agenouillé dans le sablier...
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Encore une biographie
encore une autobiographie que j'écrirais la ennième, tout manchot que je suis celle-ci, la 99e, serait la bonne parce que j'aurai, enfin, tout compris et je remplis feuillet après feuillet épuisant ma belle encre sépia puis c'est loupé, j'arrête d'écrire,...
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Cantique des ordures
Les raisins, lors que les filles des vignes les foulent de leurs pieds, aspirent à plus grande gloire après pénitence prolongée, temps de silence et de réclusion dans un obscur cellier. L’argile, lors qu’un potier la pétrit, espère renaître, trouver nouvelle...
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Il y a l'ombre
Il y a le drame ordinaire du calendrier Qui numérote en noir les jours Pour en faire des vies Il y a aussi les cadrans Qui tiennent l’heure Mais ne retiennent pas le temps Puis il y a l’ombre Qui traque pas à pas les aiguilles De toutes les horloges du...
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Le marcheur de l'oubli
L’eau ne coule plus dans la source du bas et j’ai peur de ne plus jamais la voir revenir. Les éléments ont inversé le cours des choses en haut de la montagne tout en haut entre les rochers érodés roulés d’absence le ruisseau est revenu. Il a rempli son...
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Un arbre unique
Un arbre unique et solitaire fait offrande de ses ramures au ciel incandescent. Nul ne sait par quel stratagème il a, dès son enfance, échappé à la main prédatrice de l’homme armé de fer, à la dent avide de l’animal famélique, à la rareté de l’eau et...
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Ils ont dit
Dans le quotidien de la vie, je ne me présentais pas comme poète. Aux yeux de tous, j'étais un petit fonctionnaire. Moi seul savais que j'avais à porter en moi cette étrangeté qui me poussait à écrire. En somme, c'était comme si constamment je nageais...
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Les sources cachées
Qu’est-il donc arrivé ? L’homme grandit sans respecter la terre. Sa lumière s’étiole mais son ombre est immense. Il ne donne plus rien à la graine affamée qu’une nourriture amère. Il ne donne à la soif qu’une eau mauvaise à boire. Il n’a rien retenu de...
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J'ai rencontré mon âme
J’ai rencontré mon âme ou quelque chose comme ça Dans la rue où elle mendie j’ai fait semblant de ne pas voir J’ai croisé mon cœur ou quelque chose comme ça Au premier rang d’un défilé derrière les drapeaux noirs Et j’ai filé comme si j’avais à faire...
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Le monde tourne seul
Il n’y a pas de Dieu, pas de chef d’orchestre, pas de metteur en scène, le monde tourne seul, la pièce se joue toute seule, et si quelqu’un laisse tomber son violon et que son cœur s’arrête, jamais l’homme et la mort ne se rencontreront - derrière la...
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Des petits rien de la campagne électorale
Jusqu'à ce jour d'hui, le mot "culture" a été complètement évacué de la campagne électorale. Il ne me semble pas l'avoir entendu une seule fois de la part des chefs de partis ni de leurs ténors. On appelle ça un tabou. Pourquoi donc? De quoi nos partis...
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Dans les yeux d'un papillon
Ekuanitshit, Sault-au-Mouton, Montréal, Albany, Denver, Taos, Santa Fe, Albuquerque, Cayenne, Kourou, Cacao, Homer, Anchorage, Rivière-au-Tonnerre, Ekuanitshit... J’ai l’impression d’avoir été mise en orbite autour d’un point que seul perçoit le papillon...
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Combattre l'optimisme économique
Aux petites heures du matin, à ma table de pommier, un tas d 'ouvrages éparpillés dessus, je regarde. Quoi? Je ne sais pas, car revenir à Nietzsche après le 7 avril représente une autre espèce de douleur - alors que j'aimerais être comme le chien que...
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Intermède apolitique
’entends-tu ça ma nouère? la grand´glace s’déchire! à croire que l’fleuve ouvre les bras pis sémaphore le r’tour des oies blanches pis des bernaches ! asteur qu’les érables chantent dans leu’grand corps ben planté, asteur que l’pays s’pleure sur l’histoire...
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Le bruit et la fureur
J e fuis le bruit et la fureur. On est vraiment soi-même quand on s’éloigne des autres. J’avance très lentement. Je m’attarde des heures à poursuivre un insecte. Je me perds et me trouve dans la vie d’un brin d’herbe. La vitesse n’est que le temps qui...
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Un vélo contre un arbre
Un vélo contre un arbre. Un sourire suspendu aux branches les plus hautes. Et les genoux en sang. Les pantalons sales et usés. Quelque chose dans l'air fait fuir la sagesse. On pousse la bienséance dans les orties. On crache dans la main tendue du matin....
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Paroles indiennes
Dresseur de chevaux Mohawk Sa selle à présent : un réservoir d’oxygène, ses rênes : les tubulures lui passant au travers de la poitrine et autour du cou. Mon papa m’a perché sur mon premier cheval quand j’avais six ans, me dit Phillipe. Sa voix s’élève...
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La passante
à Claude de Burine I.M. et à Raymond Kadjan Elle n’a pas plus de mains Elle n’a plus de visage Ses pas s’effacent dans ceux de la pluie Elle n’a plus de langage Elle n’a plus de rire Son nom neige sur une plage que l’heure ne bat plus Elle n’a plus de...
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Un sang d'encre
Qu’y a-t-il à manger lorsque le moissonneur précède le semeur ? Il est plus facile de croire aux miracles que de faire confiance à l’homme. Il est encore heureux qu’on pleure ici ou là, sinon le cœur ne serait qu’un désert. Il est difficile d’écrire ce...
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Tous ces petits
tous ces petits visages ridés froncés préoccupés ces masques crispés ces loups noirs ces guignols alors que l’être est lumière ouverte phare universel chauffage central permanent alors que l’œil unique est le luminaire du monde lampe des tempêtes et des...
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Printemps d'ici
J'ai vu plein plein de couleurs neuves sais-tu que le saule noir s'est revêtue de sa jupette vert tendre que le saule pleureur toujours un peu échevelé dans sa belle chevelure d'ange s'amuse avec les caresses du vent sais-tu que le chêne couvert de boutons...
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Ils ont dit
Je n’aime pas ceux qui prétendent «avoir fait tous les métiers» afin de laisser entendre qu’aucun n’importe. Ni les intellectuels qui affectent de mépriser l’intelligence. Ni ceux qui «ont aimé mille femmes (ou mille hommes» pour n’avoir à en aimer aucun(e)....
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À partir du Transsibérien
Adolescent, je désirais tout sans rêver à rien, sauf au rien de Transsibérien, à commencer par-là. Chaque année, j’ajoutais au premier des trains une voiture, repeinte aux couleurs de ma lecture de Gogol, avec les yeux de Raspoutine. Mes instincts avaient...
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Ce que je peux dire
Ce que je peux dire C’est que j’ai vécu sans rien comprendre C’est que j’ai vécu sans rien chercher Et ce qui m’a poussé jusqu’à l’extrême mesure Jusqu’à l’extrême dénuement C’est en moi je ne sais quelle force Comme un rire qui transparaîtrait dans un...
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La mappemonde
Enfant je rêvais d'une mappemonde j'enviais ceux de mes petits camarades qui faisaient tourner la terre dans leur chambre en voyageant assis sur leur chaise à travers les mers et les continents je n'en avais jamais parlé à personne c'était un voeu que...