PKP et les immigrants

Publié le par la freniere

Pierre Karl Péladeau n'aurait pas dû s'excuser pour les propos qu'il a tenus envers les immigrants. Moi, je suis mauditement tanné chaque fois qu'une politicien exprime quelque chose qui ne soit pas "langue de bois" - c'est-à-dire tout et son contraire en même temps.
Pierre Karl Péladeau aurait dû crever vraiment l’abcès plutôt que de mettre un cataplasme dessus.

Car le fait est que Montréal s'anglicise rapidement: plus de la moitié de ses citoyennes et de ses citoyens ont désormais l'anglais comme langue d'usage et cela ne fait qu'empirer d'une année à l'autre. (Charles Castonguay sonne l'alarme depuis 20 ans... mais qui prend le temps de lire attentivement ce qu'il écrit?). L'une des raisons de cette escalade par-devers l'anglomanie est la suivante: beaucoup de francophones, une fois leur cégep terminé, se tournent vers les institutions anglaises afin de continuer leurs études. J'en ai pour preuve les lettres que je reçois régulièrement de mères francophones montréalaises, désemparées parce que "fiston" étudie en anglais, n'a plus que des amis anglophones. Ces mères me disent: "Mon fils ne parle plus français qu'à la maison. Au dehors, tout son univers est celui des anglophones. Est-ce que mes petits-enfants seront encore capables de dire ne serait-ce que quelques mots en français?"

La réponse est évidemment non. Et Pierre Karl Péladeau a raison de dire qu'à cause de cette situation, le Parti québécois perd un comté par année dans la grande région de Montréal. Tandis qu'Alexandre Cloutier (qui aspire à diriger le PQ) et la direction à deux têtes de Québec solidaire nous dit que nous avons le devoir d'être "inclusifs" par-devers les immigrants" (ce qui revient à dire que le statu quo est de mise), Pierre Karl Péladeau, au lieu de s'excuser comme il l'a fait, n'avait qu'à expliquer dans quel pétrin linguistique se trouve actuellement Montréal, précisément à cause de notre veulerie qui veut que que nous n'avons que des devoirs auprès des immigrants, alors que ceux-ci n'ont que des droits.

Il serait grand-temps de retourner notre bougrine là-dessus. Il serait grand-temps de cesser de leur licher le cul sans arrêt et de leur faire comprendre que la langue officicielle du Québec est le français et qu'il est de leur DEVOIR de la maîtriser s'ils veulent vraiment s'établir chez nous. Il serait grand temps aussi qu'ils s'imprègnent de la culture québécoise francophone, ce qu'ils ne font généralement pas. Combien d'immigrants ont lu un seul livre québécois même s'ils habitent notre pays-pas-encore-pays depuis plusieurs années? Combien d'immigrants québécois fréquentent notre théâtre, nos peintres, nos artisans, notre chanson nationale?

Le semblant de politique dite de "l'inclusion" que le PQ promeut depuis 1976 auprès des immigrants est un incontestable échec.
C'est ce clou-là que Pierre Karl Péladeau aurait dû enfoncer... mais il ne l'a pas fait, ce qui, de mon point de vue, est un désastre. Ce n'est pas ce manque de volonté de puissance que j'attends du prochain chef du Parti québécois... et d'un futur président de la république du Québec.

Du nerf, simoniaque! De l'intransigeance, baptême! Du grand bien que ça nous ferait qu'on nous parle des vraies choses... et pas seulement comment mettre plus de petits pois dans la même boîte de conserve, tord-nom!

PKP aura-t-il ce courage-là? Pourra-t-il d'ici la fin de la course à la direction du PQ cesser de se présenter comme un politicien parmi tant d'autres et nous faire voir le futur chef de l'État indépendant du Québec auquel nous rêvons? Il le faudrait car, sinon, nous irons du pareil au pareil, ce que Nietzsche appelait le Retour Éternel du Même.

 

Victor Lévy Beaulieu

Publié dans Glanures

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