Au milieu de moi

Publié le par la freniere

Oui, je vis là, Monsieur, et je ne suis pas malheureux. Au milieu de moi, passent une forêt et une rivière, un torrent, une paroi, qui n'existaient pas hier. Mes amis ont quatre pattes, parfois douze, d'autres milles. Pour courir vite, Monsieur, c'est utile. Au milieu de moi chante un merle, il se croit colibri, chaque note est une perle, un papillon est d'abord une chenille.

 

La nuit, Monsieur, la nuit? Non je n'ai pas peur, quelques étoiles font un plat de lentilles, je les partage avec des esprits frappeurs. Vous avez tort de montrer ce dégoût, les immondices ne sont qu'un peu de nous-mêmes, ce que charrient vos égoûts, quelques graines que l'on sème, sans se soucier jamais de ce qu'elles vont donner.

 

Au milieu de moi, Monsieur, vit une dame, de beaux grands yeux, vous savezs, transparents comme du cristal. Silencieuse tout le jour, la nuit elle chante, sa voix n'est audible alentour qu'à ceux qu'elle enchante. Il est vraiment qu'il lui manque une jambe, une main, c'est une saltimbanque, sa vie n'a été que chagrin. Nous vivons en paix aujourd'hui, Monsieur, elle, moi et l'air des marais, en mon milieu et à jamais.

 

Michèle Menesclou

 

texte extrait de la revue Scribulations    

Publié dans Poésie du monde

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