Le dur noyau de la tendresse
sous le vernis dort le nœud
tourne en rond
à s'ennuyer de sa branche
en jours concentriques
brille la patine de l'attente
l'usure à ne rien faire
la tension agrippe le néant
cerne le cœur
artères luisantes après la pluie
autour d'un point
les forces s'abattent
enclume à tête d'écume
sur le noyau dur de la tendresse
*
l'onde choque la mer longe deux planètes au pléistocène
volcan
des cendres descendent en capuchon rabattu
la grisaille-cisaille scelle les cils contre l'émeraude
donne un air de cambrioleur au cœur
le chien hurle hurlera les échos de granit
radeau sur le magma
perfusion en la veine minérale
l'aiguille glisse sur la dérive des sentiments
se casse sur les plaques tectoniques
le temps n'a plus la distance
et la distance n'a plus le temps
scories noires de gris
entre deux planètes
s'est tapi le noyau dur de la tendresse
*
le vent fou virevolte
à la rencontre de deux atmosphères
deux couleurs de ciel
l'astre darde ses flocons
la pluie brûle la peau
le brouillard ouvre des horizons bleus
que le langage ne peut nommer
plus purs que l'air
plus liquides que l'eau
remplis de plus de bruissements que la forêt boréale
il y aura des cendres
des nuages de douleur pour secouer le cœur
le maintenir en cette vie qui n'est pas de la tarte en forme de soleil
le vent fou charrie des particules embryonnaires de destins
des semences sur une île en équilibre par la gravité de vivre entre deux planètes
*
le vent fou démonte la mer torture une rivière berce l'île
caresse de semis que les jours nommeront peut-être
la lave durcie se couvre d'herbe douce
mais pas avant que le gel ne la fende et que des arbres y germent
une pointe de tarte vagabonde dans les cieux
se lève se couche
ballotte un sablier sur la plage
*
le vent fou a apporté des herbes folles
deux arbres surgissent parmi elles
parfois leurs feuilles se frémissent
leurs ombres s'entremêlent
dans les fantaisies des tartes sauvages qui hantent les voûtes trop bleues
un jour leurs branches seront chargées
d'inventions qui auront des noms de fruits
fidèles à leurs racines
ancrées dans le noyau dur de la tendresse
Patrick Patwood